Alors que certains territoires ultramarins semblent bénéficier d’un répit sur le plan économique, La Réunion fait face à une dégradation préoccupante de ses indicateurs financiers. Selon le baromètre de l’inclusion financière de l’IEDOM, arrêté à fin juin 2025, l’île enregistre une hausse alarmante des situations de surendettement, dans un contexte de ralentissement économique généralisé. Une conjonction de facteurs macroéconomiques défavorables met sous tension les foyers réunionnais, et laisse craindre une aggravation durable de la précarité financière.
🚨 Un surendettement hors normes
Avec 170 dossiers de surendettement déposés en juin 2025, La Réunion affiche une hausse de 25 % sur un an, selon les chiffres publiés par l’Institut d’Émission des Départements d’Outre-mer (IEDOM). Ce niveau dépasse largement celui observé dans les autres DCOM, où la tendance est stable voire orientée à la baisse. L’île concentre à elle seule 53 % des dépôts de dossiers de surendettement dans l’ensemble des Outre-mer, révélant une situation bien plus dégradée que dans les autres territoires comparables.
Autre signal préoccupant : l’envolée des inscriptions au Fichier central des chèques (FCC), indicateur-clé des difficultés bancaires. Bien que leur nombre ait légèrement reculé par rapport à 2024, plus de 1.500 Réunionnais ont été signalés en juin, un chiffre qui reste le plus élevé parmi tous les départements ultramarins rapporté à la population. Ce niveau de recours traduit une fragilité chronique des budgets familiaux face à l’inflation persistante et au ralentissement de la consommation.
Ces tensions illustrent les limites des dispositifs actuels de prévention de l’exclusion bancaire
souligne l’IEDOM dans sa publication mensuelle.
⚠️ Une économie réunionnaise à la peine
Ce constat social est intimement lié à un contexte macroéconomique en net repli. Dans une note récente publiée par le partenariat CEROM (AFD, Insee, IEDOM), les analystes font état d’une croissance économique réduite à +0,5 % en 2024, contre +1,7 % en 2023. Un ralentissement brutal, dû à une chute des investissements, une baisse des exportations, et une consommation intérieure étouffée par l’inflation.
Cette contraction économique affaiblit mécaniquement la capacité des ménages à faire face à leurs charges, ce qui alimente une spirale de fragilisation financière. Le lien entre ces tendances économiques et l’explosion du surendettement est manifeste : sans perspectives d’amélioration du pouvoir d’achat ni de reprise de l’activité, les outils de régulation sociale comme les commissions de surendettement risquent d’être saturés.
La situation actuelle pose également la question de l’efficacité des politiques publiques de soutien, souvent jugées insuffisamment ciblées ou trop lentes à produire leurs effets dans les territoires ultramarins.
👁️ L’œil de l’expert : l’urgence s’impose
Face à une dynamique de fragilisation aussi claire, l’inaction n’est plus une option. Les indicateurs dévoilés par l’IEDOM et confirmés par la note du CEROM dressent le portrait d’un territoire en tension croissante, où les déséquilibres sociaux risquent de devenir systémiques. Renforcer les dispositifs de prévention du surendettement, adapter les politiques d’inclusion bancaire aux réalités locales, et réactiver les moteurs de croissance sont des priorités incontournables pour enrayer cette spirale.
La Réunion fait face à un double défi – économique et social – qui appelle des réponses ciblées, rapides et structurelles. Sans cela, le surendettement ne sera qu’un symptôme parmi d’autres d’une crise plus profonde.