Qu’est-ce que le taux d’usure et pourquoi il est crucial pour les emprunteurs ? Le taux d’usure est un garde-fou central du marché du crédit en France : il désigne le taux annuel effectif global (TAEG) maximal légal qu’un établissement de crédit peut appliquer lorsqu’il accorde un prêt à un particulier, une association ou une collectivité. Il vise à protéger les emprunteurs contre des offres de crédit excessivement coûteuses, et sa fixation est confiée à la Banque de France sur la base des taux réellement pratiqués par les banques majorés d’un tiers : « il correspond au taux d’intérêt maximum légal auquel les établissements bancaires sont autorisés lorsqu’ils accordent un prêt » selon le Code de la consommation et la Banque de France. Ces seuils sont publiés tous les trimestres et deviennent applicables au 1ᵉʳ jour de chaque trimestre suivant le trimestre de référence. Ainsi, pour le 1ᵉʳ trimestre 2026, ce sont les taux pratiqués au quatrième trimestre 2025 qui servent de base de calcul pour fixer ces plafonds.
📊 Principes et barèmes de référence pour début 2026
Fonctionnement du calcul – Le taux d’usure n’est pas arbitraire : il se fonde sur une moyenne des taux effectifs moyens observés sur les crédits réels accordés par les établissements bancaires au cours des trois mois précédant la publication. Cette moyenne est ensuite majorée d’un tiers pour définir le plafond légal applicable. Cette méthodologie est définie dans le Code monétaire et financier et vise à refléter les conditions réelles de marché tout en protégeant les emprunteurs.
Concrètement, si les banques accordent des prêts dont le taux moyen est de 4 %, le taux d’usure associé sera d’environ 5,33 % (4 % + un tiers), et aucun crédit ne pourra être proposé avec un TAEG plus élevé sans être qualifié d’usuraire, ce qui est interdit.
Barème janvier 2026 – À l’aube du premier trimestre 2026, la Banque de France a rendu publics les taux d’usure applicables à partir du 1ᵉʳ janvier, basés sur les taux effectifs moyens observés au cours du quatrième trimestre 2025. Ces seuils fixent des limites au TAEG (Taux Annuel Effectif Global) que les établissements financiers peuvent proposer à leurs clients pour différents types de prêts.
📍 Crédits immobiliers (montant > 75 000 €)
Prêts à taux fixe < 10 ans : 4,12 %
Prêts à taux fixe 10–20 ans : 4,59 %
Prêts à taux fixe 20 ans et plus : 5,13 %
Prêts à taux variable : 4,99 %
Prêts relais : 6,15 %
Ces niveaux représentent les plafonds légaux au-delà desquels un crédit serait considéré comme usuraire et donc interdit.
📍 Crédits à la consommation
Prêts ≤ 3 000 € : 23,56 %
3 000–6 000 € : 15,87 %
> à 6 000 € : 8,67 %
Ces seuils incluent aussi les prêts personnels ou travaux, protégeant les ménages de taux trop élevés
💼 Impacts pour les emprunteurs et les banques
Conséquences pour l’accès au crédit – Le taux d’usure a un effet direct sur l’accessibilité du crédit. Si les conditions de marché évoluent (par exemple, si les taux de prêt baissent), le seuil d’usure baisse à son tour au trimestre suivant. Une réduction de ce plafond peut, paradoxalement, limiter l’octroi de nouveaux crédits si les banques ne peuvent plus proposer de prêts sans dépasser ce taux maximum. À l’inverse, une hausse des taux moyens observés conduira à des taux d’usure plus élevés, facilitant l’octroi de crédits mais au coût global plus élevé pour l’emprunteur.
Pour les crédits immobiliers, ces plafonds jouent un rôle clé dans la capacité des primo-accédants et des investisseurs à accéder aux financements. Lorsqu’un projet de prêt ne peut pas être structuré en dessous du taux d’usure, certaines banques peuvent être contraintes de refuser des dossiers, même si l’emprunteur est par ailleurs solvable.
Indicateur avancé de la santé du marché du crédit – Les taux d’usure sont également des indicateurs avancés du coût du crédit et de la dynamique du marché bancaire. Une hausse des taux d’usure traduit fréquemment une montée des taux pratiqués par les établissements (par exemple sous l’effet de politiques monétaires plus strictes ou de tensions sur les coûts de refinancement), tandis qu’une baisse des seuils reflète un environnement plus favorable au crédit.
👁️ L’œil de l’expert
Le taux d’usure n’est pas une donnée technique marginale : il constitue une barrière de sécurité réglementaire et un thermomètre du marché du crédit. Pour les ménages, il définit le plafond légal au-delà duquel un crédit est illégal et permet de mesurer implicitement si les conditions de financement deviennent plus ou moins favorables. Pour les banques, il limite leur capacité à proposer des offres agressives mais potentiellement risquées. Dans un contexte où les taux de crédit évoluent encore après des années de hausse, la fixation du taux d’usure au 1ᵉʳ trimestre 2026 sera particulièrement observée comme un indicateur de la trajectoire du coût du crédit en France entière — un élément clé dans les décisions financières des ménages et des professionnels.

