Alors que les marchés scrutaient avec attention la date du 9 juillet, Donald Trump a signé in extremis un décret repoussant l’entrée en vigueur des droits de douane supplémentaires au 1er août 2025. Mais loin de calmer les tensions commerciales, ce sursis masque une stratégie offensive de la Maison Blanche visant à imposer des surtaxes d’une ampleur inédite à une vingtaine de pays. Une politique douanière musclée dont les implications économiques sont aussi complexes que risquées.
Surtaxes ciblées, menaces globales
Derrière ce report au 1er août se cache en réalité une manœuvre calculée : mettre la pression maximale sur les partenaires commerciaux des États-Unis pour qu’ils signent des accords favorables à Washington. Sur sa plateforme Truth Social, Donald Trump a ainsi diffusé 14 courriers officiels adressés à des gouvernements aussi divers que ceux du Japon, de la Corée du Sud, de la Tunisie ou encore du Cambodge. Chacune de ces lettres annonce des surtaxes comprises entre 25 % et 40 %, appliquées dès août si aucun accord n’est conclu.
La logique affichée est claire : forcer des concessions. Mais la méthode est brutale. Le président américain menace aussi de surtaxes « plus élevées » pour les produits maquillés quant à leur origine, et prévoit des pénalités douanières en cas de mesures de rétorsion. En d’autres termes, toute riposte sera répercutée avec la même violence économique.
Or, comme le rappelle la Maison Blanche, ce sont les importateurs américains qui paieront ces droits de douane, ce qui renchérira mécaniquement le prix des biens sur le territoire national. Une spirale inflationniste potentielle qui n’est pas sans risque à quelques mois de l’élection présidentielle.
Accord commerciaux… mais surtaxes maintenues
Malgré l’avalanche de menaces, Washington affirme être dans une phase active de négociations. Le ministre des Finances Scott Bessent a confié à CNBC que « plusieurs accords » pourraient être révélés dans les 48 heures, insistant sur une avalanche de nouvelles propositions reçues le week-end précédent. De son côté, l’Union européenne a qualifié de « constructif » un échange entre Ursula von der Leyen et Trump.
Mais les gestes ne suffisent pas. Même les pays qui font des efforts concrets ne sont pas épargnés. L’Indonésie, par exemple, a signé un engagement colossal pour importer 1 million de tonnes de blé américain par an pour 1,25 milliard de dollars. Résultat ? Une surtaxe de 32 % maintenue, au grand dam de Djakarta.
Même scénario pour le Vietnam : bien qu’un accord ait été signé réduisant la surtaxe à 20 % au lieu des 46 % annoncés initialement, le pays doit désormais appliquer un taux zéro sur les exportations américaines. Une diplomatie du donnant-donnant… sous pression douanière.
L’œil de l’expert
Si cette stratégie permet à Donald Trump de faire valoir un volontarisme économique agressif, l’équilibre est précaire. Les surtaxes massives peuvent certes renflouer temporairement les caisses fédérales et soutenir certaines filières agricoles et industrielles, mais elles pèsent lourdement sur le pouvoir d’achat domestique. À terme, ce type de politique pourrait fragmenter davantage les chaînes d’approvisionnement mondiales, renforcer les tensions géopolitiques et même pousser certains alliés vers d’autres sphères d’influence, comme la Chine ou le BRICS. Une arme à double tranchant pour l’économie mondiale.