Elle est sucrée, colorée, bon marché, et fait un carton chez les jeunes. Mais derrière son apparence festive, Vody, boisson alcoolisée à 22 %, s’attire les foudres du gouvernement. Depuis plusieurs mois, ce cocktail énergisant au marketing ultra-ciblé fait grincer des dents dans les hémicycles et les milieux médicaux.
Mercredi 2025-__mai__-21, le ministre de la Santé Yannick Neuder a sonné l’alerte à l’Assemblée nationale, qualifiant le produit de « véritable fléau ». Alors que les ventes explosent dans l’Hexagone, le débat sur son interdiction se tend. Décryptage d’un phénomène aussi lucratif que préoccupant.
Un cocktail explosif qui traverse les frontières
Derrière son packaging flashy et ses slogans attrayants, Vody cache une composition redoutable : un mélange d’alcool fort (entre 18 % et 22 %), de caféine et de taurine. Une combinaison particulièrement risquée, selon de nombreux professionnels de santé. Ces derniers dénoncent un effet masquant de la caféine, qui retarde la perception d’ivresse et favorise les comportements à risque.
C’est un leurre pour l’organisme. Le corps pense tenir encore debout, alors que le seuil de danger est déjà franchi
alerte un toxicologue cité dans un rapport de la Direction Générale de la Santé.
Déjà bien implantée en Afrique de l’Ouest et aux Antilles, Vody a suscité l’inquiétude de plusieurs gouvernements locaux. En Côte d’Ivoire, par exemple, la commercialisation a été suspendue après plusieurs incidents graves impliquant de jeunes consommateurs. Son arrivée massive en France, via les petites épiceries urbaines et les réseaux sociaux, ravive les craintes de voir une génération confrontée à un nouveau fléau alcoolisé.
Une stratégie marketing dénoncée par les élus
Si Vody attire autant l’attention, c’est aussi en raison de sa stratégie de communication. À mi-chemin entre une boisson énergisante et un soda branché, elle est vendue entre 4 et 5 euros, dans des canettes colorées aux accents festifs. Un format parfaitement calibré pour séduire les adolescents et les jeunes adultes, cible principale de la marque.
Le député Olivier Serva, représentant de la Guadeloupe, a vivement critiqué ce ciblage lors d’une récente séance parlementaire :
Ce produit vise clairement la jeunesse, avec un prix abordable et une apparence trompeusement ludique
Une campagne nationale de prévention, annoncée par le ministre de la Santé, devrait être lancée prochainement pour alerter sur les effets de ce mélange explosif.
Mais pour beaucoup, cela ne suffira pas. L’option d’une interdiction pure et simple est désormais sur la table, tout comme la possibilité d’une réglementation à l’échelle européenne. Pour Yannick Neuder :
Il faut empêcher que ce type de produit continue à circuler librement. La santé publique ne peut être sacrifiée sur l’autel du marketing agressif
L’œil de l’expert : agir vite et fort
Entre emballement commercial et risques sanitaires, Vody cristallise les contradictions de notre rapport à l’alcool. Derrière cette boisson se joue une bataille bien plus large : celle de la régulation des produits dangereux dans un marché mondialisé, où les frontières tombent plus vite que les barrières sanitaires. Le cas Vody illustre à quel point les industriels savent détourner les codes de l’innocence pour toucher les publics les plus vulnérables. Si la France veut éviter un nouveau scandale de santé publique, il lui faudra agir vite, et fort.
