Après une année 2024 marquée par une forte augmentation des dossiers de surendettement, la Banque de France prévoit une hausse plus modérée pour 2025. Toutefois, cette tendance reste préoccupante, avec des perspectives économiques contrastées qui impactent le quotidien des Français. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a partagé ses analyses sur cette situation en soulignant plusieurs facteurs influençant le phénomène, tout en appelant à une vigilance accrue face à la fragilité financière des ménages.
Une hausse modérée mais persistante du surendettement en 2025
L’année 2024 a été marquée par un bond de 10,8 % du nombre de dossiers déposés pour surendettement, atteignant un total de 134 803 dossiers, un chiffre qui traduit la pression constante exercée sur le pouvoir d’achat des Français. En 2025, bien que la Banque de France anticipe une nouvelle augmentation, celle-ci devrait se limiter à 3 % sur l’ensemble de l’année. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a précisé que, malgré cette modération, la tendance observée depuis janvier et février se maintiendra à un niveau plus bas que l’année précédente:
Sur les deux premiers mois de l’année 2025, la hausse du nombre de dépôts que nous avions observée l’an dernier a confirmé sa décélération, nous sommes à + 3 % par rapport au même premier bimestre de début 2024
Selon lui, l’inflation en recul et les gains associés au pouvoir d’achat devraient limiter l’impact du surendettement. Toutefois, cette situation reste fragilisée par des prévisions moins optimistes concernant le marché du travail. Ainsi, les effets bénéfiques d’une inflation en baisse risquent de ne pas suffire à compenser les difficultés que rencontreront certains ménages dans les mois à venir.
Les causes du surendettement et les solutions réglementaires
Une des raisons principales de la hausse des dossiers de surendettement est liée à la diffusion croissante de nouveaux produits financiers, notamment les mini-crédits et les paiements fractionnés, qui augmentent la vulnérabilité des publics fragiles, en particulier des jeunes. Comme l’a souligné François Villeroy de Galhau, ces produits peuvent entraîner des risques accrus pour ceux qui ont une capacité de remboursement limitée. Cependant, il a également salué l’évolution réglementaire qui vise à limiter ces risques, en imposant notamment des contrôles plus stricts pour les établissements de crédit.
Le gouverneur a insisté sur la nécessité de la « consultation systématique » du FICP (Fichier des incidents de remboursement des crédits aux particuliers), un outil essentiel pour prévenir le surendettement. De plus, il a encouragé les banques à adopter la dématérialisation du droit au compte, une mesure qui pourrait simplifier l’accès aux services bancaires pour les personnes fragilisées. François Villeroy de Galhau a ajouté qu’il espérait que cette adoption se fasse sur une base volontaire, mais n’a pas exclu des mesures plus contraignantes si nécessaire.
L’œil de l’expert : une réponse à la fragilité financière des français
Avec 4,3 millions de Français estimés en situation de fragilité financière, il devient impératif d’agir pour réduire les risques de surendettement. Les réformes en cours sont un premier pas vers une meilleure régulation du secteur du crédit, mais des efforts supplémentaires restent à fournir, notamment pour encourager l’utilisation de solutions bancaires inclusives et accessibles à tous. Les banques doivent intensifier leurs efforts pour offrir des services adaptés aux populations vulnérables et garantir la transparence des produits financiers.
En tant qu’experts, nous recommandons de renforcer la sensibilisation sur la gestion des finances personnelles, particulièrement pour les jeunes, et d’assurer une meilleure supervision des produits financiers à risque. Si ces efforts sont menés avec rigueur, il est possible de limiter l’impact du surendettement sur les ménages français et d’améliorer l’inclusion financière de manière durable.
