C’est une annonce aux allures de séisme économique pour le centre de la France. Google s’apprête à acquérir près de 200 hectares dans l’Indre, dans la zone d’activités d’Ozans à Châteauroux, pour y bâtir son tout premier data center sur le sol français. Une décision qui s’inscrit dans une stratégie d’expansion massive de son infrastructure cloud sur le continent. Si le projet n’est pas encore officiellement acté, tous les signaux sont au vert. Pour la préfecture et les élus locaux, cette implantation représente bien plus qu’un simple investissement : c’est un pari industriel aux retombées considérables, aussi bien en termes de création d’emplois que de valorisation territoriale.
️ Un investissement stratégique à l’échelle macroéconomique
L’achat du terrain, estimé à 58,5 millions d’euros, sera effectué via la filiale Tricolore Computing, bras opérationnel de Google pour ses projets d’infrastructure en France. Le terrain, identifié comme l’un des 55 sites stratégiques français aptes à recevoir de telles installations industrielles, a été retenu pour sa capacité d’accueil logistique, son réseau électrique robuste et la volonté politique locale.
Selon Gil Avérous, maire de Châteauroux et président de la métropole, la cession devrait être validée lors du prochain conseil communautaire :
C’est une super marque d’intérêt, et un signal très fort pour le territoire
a-t-il déclaré. Mais avant que les premières pelleteuses ne foulent le sol berrichon, Google devra conduire une série d’études techniques et environnementales. L’ampleur de l’infrastructure impose un déploiement par étapes, dans une logique de phasage maîtrisé. L’objectif est clair : faire de ce futur centre de données un maillon clé de l’écosystème cloud européen, capable de répondre à la croissance exponentielle des besoins de stockage et de traitement des données dans les années à venir.
Retombées économiques majeures pour l’Indre… et pour Google
L’enjeu dépasse largement les frontières de Châteauroux. Pour Google, cette implantation est une opportunité stratégique de renforcer sa souveraineté technologique en Europe, dans un contexte où les géants du numérique sont de plus en plus pressés de localiser leurs infrastructures au sein de l’Union, notamment pour répondre aux exigences du RGPD et des politiques de souveraineté numérique.
Côté local, le département de l’Indre anticipe un impact massif. Dans un communiqué conjoint, la préfecture et le conseil départemental évoquent des conséquences « très importantes pour le développement économique de Châteauroux, Étrechet, Diors, Châteauroux Métropole et du département », notamment à travers l’emploi généré durant la construction ainsi que par les postes pérennes liés à l’exploitation du site. En effet, les centres de données de cette envergure mobilisent des centaines de techniciens, ingénieurs, agents de maintenance et experts en cybersécurité.
Enfin, l’effet d’entraînement est également à anticiper : fournisseurs d’énergie, sociétés de génie civil, entreprises de sous-traitance locale pourraient bénéficier directement de l’arrivée du géant américain. Ce type d’installation agit comme un catalyseur économique, stimulant l’innovation, le tissu entrepreneurial et l’attractivité du territoire.
L’œil de l’expert : un virage industriel à ne pas manquer
Avec ce projet de data center, Google ne se contente pas de renforcer sa capacité technologique. Il pose un jalon politique et économique dans la bataille de la donnée, en ancrant son infrastructure au cœur de la France. Pour Châteauroux et sa région, c’est une opportunité de mutation économique profonde, avec la promesse d’une reconversion industrielle du territoire tournée vers le numérique et la transition énergétique. Mais attention : ce type de projet implique aussi des enjeux écologiques (consommation énergétique, pression sur les ressources) qu’il faudra accompagner avec rigueur.
