Après une année noire marquée par une perte colossale d’abonnés, SFR tente de redresser la barre. L’opérateur télécom, malmené par une hausse tarifaire impopulaire post-COVID, a vu fondre sa base clients comme neige au soleil, tant sur le fixe que sur le mobile. Mais les signaux du premier trimestre 2025 semblent indiquer un infléchissement de cette tendance. Entre refonte tarifaire, repositionnement stratégique et réorganisation interne, le groupe Altice mise sur un renouveau. Suffisant pour inverser durablement la courbe ? Analyse.
Dette SFR : Un retournement encore fragile, mais prometteur
L’année 2024 restera un véritable tournant négatif pour SFR, qui a vu fuir 248 000 clients sur le fixe et 629 000 sur le mobile, selon les chiffres relayés par Le Figaro. Cette chute brutale a même fait passer l’opérateur sous la barre symbolique des 20 millions d’abonnés mobile, une première historique.
Mais le début de l’année 2025 semble annoncer un léger mieux. Au premier trimestre, SFR n’a perdu que 3 000 clients sur le fixe, contre 17 000 lors du trimestre précédent. Côté mobile, l’opérateur a même inversé la tendance en recrutant 17 000 nouveaux abonnés, après avoir perdu 60 000 clients fin 2024. Cette progression reste timide, mais marque un net ralentissement de la spirale négative.
En cause de cette fuite massive ? Une stratégie tarifaire post-COVID mal calibrée. SFR avait en effet choisi d’augmenter ses prix, provoquant un vif mécontentement chez ses clients. Mathieu Cocq, PDG de SFR, reconnaît aujourd’hui cette erreur stratégique:
Nous ne sommes pas l’opérateur le moins cher du marché, mais on a gommé l’incertitude tarifaire en simplifiant nos gammes et en éliminant les promotions.
Il affirme désormais proposer « les tarifs les plus lisibles du marché », soulignant que SFR est désormais le seul opérateur à ne plus modifier ses prix après les promotions.
Ce repositionnement tarifaire s’accompagne d’une profonde réorganisation interne. Deux tiers de l’équipe dirigeante ont été renouvelés, avec des recrutements issus d’autres opérateurs télécoms. Une manière d’injecter une nouvelle culture managériale dans une entreprise encore fragilisée par sa perte de compétitivité.
Parallèlement, SFR se montre plus agressif commercialement, notamment en rejoignant la bataille des promotions : forfait 5G 100 Go à 7 € par mois, offres simplifiées, et meilleure lisibilité tarifaire. Le groupe affirme que ses indicateurs de rétention clients sont en nette amélioration, un levier essentiel pour stabiliser sa base.
Sur le plan financier, le groupe a également marqué un point symbolique avec un désendettement partiel opéré en février 2025. Ce recul de la dette permet à SFR de se donner un peu d’air, alors que des rumeurs de rachat circulent autour d’Orange et de Bouygues Telecom. Toutefois, comme le souligne Le Figaro, une telle opération serait complexe à mener, compte tenu de l’état actuel des finances et du climat concurrentiel.
Car les voyants financiers restent dans le rouge : le chiffre d’affaires global de SFR a chuté de 5,6 % en 2025, tandis que l’EBITDA a dégringolé de 9,4 %, preuve que la reprise reste encore fragile.
L’œil de l’expert : entre relance prudente et défis structurels
SFR sort lentement de sa zone de turbulence, grâce à une combinaison d’ajustements tarifaires, de remaniements stratégiques et d’une offensive commerciale ciblée. Toutefois, la stabilisation reste précaire, et les défis structurels demeurent. Le groupe doit encore convaincre sur la durée, restaurer sa réputation et se repositionner durablement sur un marché ultra-compétitif.
L’enjeu pour SFR ? Prouver que cette reprise n’est pas un simple rebond conjoncturel, mais bien le début d’un nouveau cycle. Si les fondamentaux – satisfaction client, lisibilité tarifaire, qualité de service – sont désormais mieux pris en compte, il reste à bâtir un modèle pérenne. Les prochains trimestres seront décisifs pour juger de la solidité de ce virage.
