Le phénomène n’est pas qu’artistique : le retour des frères Gallagher sur scène avec 41 concerts, dont 19 au Royaume-Uni, pourrait influencer la trajectoire économique du pays. Selon Bloomberg, la flambée des prix hôteliers liée à cette tournée pourrait, à la marge, faire grimper l’inflation britannique — un élément que la Banque d’Angleterre surveille de très près alors qu’elle vient d’assouplir légèrement sa politique monétaire.
💷 Un cocktail qui fait grimper les prix
À première vue, difficile d’imaginer que la musique puisse se retrouver dans les modèles de prévision économique. Pourtant, les concerts d’Oasis coïncident avec certaines périodes de collecte de l’indice des prix à la consommation par l’Office for National Statistics (ONS), l’équivalent britannique de l’Insee.
L’impact, essentiellement lié à la hausse spectaculaire des tarifs hôteliers, pourrait représenter jusqu’à 0,04 % d’augmentation de l’inflation globale, selon plusieurs économistes cités par Bloomberg.
Les décisions sur les taux d’intérêt se jouent parfois à quelques centièmes de point près
rappelle Paul Dales, économiste chez Capital Economics. Les précédents existent. En 2023, la venue de Taylor Swift au Royaume-Uni avait déjà dopé l’inflation des services, mais cette fois, selon Capital Economics, « il y a peut-être plus de chances d’observer un effet statistique » avec Oasis.
À Édimbourg, où le groupe se produit le 12 août, la pression sur les prix est renforcée par la tenue simultanée du Fringe Festival. Les données de TD Securities montrent des hausses vertigineuses : +65 % pour les hôtels trois étoiles et +50 % pour les quatre étoiles la veille du concert du 8 août, par rapport à 2024. Même Manchester a vu ses prix bondir après une date clé du groupe, tombant juste avant un relevé officiel de l’ONS.
📊 Des taux directeurs sous tension
Pour la Banque d’Angleterre, le timing est stratégique. Après avoir abaissé son taux directeur de 0,25 point la semaine dernière, l’institution reste divisée entre partisans d’un assouplissement rapide et prudents craignant une inflation persistante.
Depuis septembre 2024, l’inflation britannique est repartie à la hausse, atteignant 3,6 % en juin sur un an. La Banque anticipe un pic en septembre, notamment en raison de la hausse des prix alimentaires — et désormais, potentiellement, du « choc Oasis ».
La tournée pourrait aussi avoir un effet macroéconomique positif. Avant même l’ajout de deux concerts à Londres en septembre, Barclays estimait son impact à 1,06 milliard de livres sterling (1,23 milliard d’euros) de retombées économiques, soit 888 € de dépenses par spectateur. Des chiffres qui reflètent la capacité d’un événement culturel à stimuler certains secteurs… tout en chauffant les compteurs de l’inflation.
👁 L’œil de l’expert : l’effet Oasis
Les événements culturels massifs ne sont pas seulement des rendez-vous festifs : ils peuvent devenir des facteurs économiques mesurables. Dans un contexte où les décisions monétaires se jouent parfois au centième de point, l’effet Oasis illustre l’interconnexion entre consommation, tourisme et politique monétaire. Le paradoxe est frappant : un boom économique local, porté par la passion musicale, peut à court terme freiner l’assouplissement des taux — et donc peser sur d’autres pans de l’économie.