Le président Emmanuel Macron a pris la parole lundi à l’Élysée devant le gotha de la restauration française pour annoncer une réforme fiscale majeure : la suppression totale des impôts et charges sur les pourboires, afin que ces revenus aillent intégralement aux salariés. Dans un contexte de hausse des coûts, tensions sur le recrutement et baisse de fréquentation, le chef de l’État souhaite soutenir un secteur stratégique pour l’économie locale et l’emploi.
🍃 Alléger la fiscalité pour soutenir le pouvoir d’achat des salariés
Il faut que ça aille pleinement dans la poche de ceux qui travaillent
a insisté Emmanuel Macron. Actuellement, les pourboires perçus par carte bancaire restent soumis à des charges sociales et fiscales, une mesure qui prendra fin le 31 décembre 2025. La réforme vise à améliorer le pouvoir d’achat des serveurs, cuisiniers et commis tout en stimulant la motivation et la fidélisation du personnel.
Le président a souligné que la restauration fait face à des défis économiques majeurs : hausse des coûts, difficulté de recrutement et fréquentation client en baisse. Selon lui, ces facteurs conjugués pèsent sur le modèle financier des établissements et limitent le pouvoir d’achat des Français.
Il y a une difficulté de pouvoir d’achat, ce qui fait que dans beaucoup d’endroits, le restaurant… on le ‘fait’ moins souvent
a-t-il observé. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique internationale. Aux États-Unis, la loi adoptée par Donald Trump permet de déduire jusqu’à 25.000 dollars de pourboires par an pour certains salariés, une mesure qui prendra effet de 2025 à 2028, renforçant ainsi la compétitivité et l’attractivité du secteur.
Valoriser le métier et sécuriser la filière alimentaire
Au-delà des aspects fiscaux, Emmanuel Macron veut revaloriser le titre de « maître restaurateur », actuellement détenu par seulement 3.000 professionnels. L’objectif est de tripler ce nombre d’ici 2027, afin de mettre en avant les métiers qui travaillent à partir de produits frais et bruts plutôt que ceux qui se limitent à réchauffer des plats préparés.
Sur le plan économique, le président a également pointé un enjeu crucial : le contrôle des importations alimentaires. « Nous ne contrôlons pas assez dans les ports et aéroports le respect de nos normes », a-t-il noté, évoquant des denrées venues du bout du monde qui ne respectent pas les standards sanitaires et phytosanitaires français. Selon lui, garantir la qualité des produits est indispensable pour maintenir la compétitivité des filières locales et la confiance des consommateurs.
Enfin, le chef de l’État a plaidé pour une transformation culturelle des Français, afin que la population accepte un juste prix derrière le travail fourni :
On a habitué beaucoup nos compatriotes à ce que l’alimentation ne coûte plus rien… il doit y en avoir pour tous les porte-monnaie
a-t-il expliqué, insistant sur la nécessité d’une rémunération équitable pour les professionnels.
👁 L’œil de l’expert
Cette mesure fiscale représente un levier économique double : elle augmente le revenu disponible des salariés, tout en stimulent la fréquentation et la valeur perçue des services. Pour le secteur, il s’agit d’un signal fort sur l’importance de la transparence et de la reconnaissance du travail. Toutefois, les restaurateurs devront gérer ces changements tout en maintenant l’équilibre financier de leurs établissements, dans un contexte de coûts des matières premières et charges structurelles élevées. En parallèle, la valorisation des maîtres restaurateurs et le renforcement des contrôles sanitaires contribueront à sécuriser la filière alimentaire française et à soutenir son attractivité à long terme.