Quand la politique influence directement le financement des ménages… La France traverse une crise politique majeure, et ses répercussions financières ne se font pas attendre. La suspension éventuelle de la réforme des retraites, brandie comme solution pour débloquer l’impasse parlementaire, pourrait provoquer une hausse des taux de crédit immobilier. Comme l’explique Fabien Monvoisin, CEO de Crédit Conseil de France, « la suspension de la réforme des retraites serait un bien mauvais signal envoyé au marché, entrainant inévitablement une haussse des OAT, et par voie de conséquence une huasse accrue des taux de crédit immobilier ». Depuis le printemps 2025, les taux stagnent autour de 3,20%, après une baisse d’un point depuis leur pic de 4% il y a deux ans. Mais la volatilité des marchés obligataires liée à l’instabilité politique pourrait faire grimper le coût des financements pour les Français, impactant directement leur pouvoir d’achat et leur capacité d’investissement immobilier.
📈 Tension sur les marchés
La dégradation de la confiance sur les marchés financiers se reflète dans le rendement des obligations d’État. Le taux de l’OAT à 10 ans est passé de 3,13% en mai à 3,51% début octobre, atteignant 3,60% lundi dernier, suite à la démission surprise du Premier ministre Sébastien Lecornu.
La possible suspension de la réforme des retraites, envisagée pour tenter de sortir de la crise politique, viendrait creuser de manière accélérer les finances publiques. Une telle suspension aggraverait le déficit public, et pourrait coûter des centaines de millions d’euros en 2026 et plusieurs milliards en 2027, comme l’a rappelé le ministre de l’Économie démissionnaire Roland Lescure.
A suivre, la dégradation potentielle de la note de solvabilité française auprès des agences de notation (Moody’s, Standard & Poor’s) entraînerait mécaniquement une hausse des taux d’emprunt, répercutée sur les crédits immobiliers.
⚠️ Hausse progressive mais surveillée
Pour les Français, cela se traduirait par une augmentation modérée mais constante des taux de crédit. Fabien Monvoisin estime que le taux moyen pourrait atteindre 3,50% dans les prochains mois. Il nuance toutefois :
Cette augmentation des taux, déjà engagée, continuera très certainement sur un rythme mesuré au cours des prochains mois. L’actualité des prochaines semaines sera aussi déterminante.
Pour autant, des éléments plus rassurants viennent contenir cette situation: le gouvernement démissionnaire reste conscient de l’impact des décisions politiques sur le financement des Français. Sébastien Lecornu a déclaré que tous les partis consultés partagent la volonté de doter la France d’un budget avant le 31 décembre 2025, afin de réduire le déficit et stabiliser les taux.
Ainsi, bien que la crise politique crée un climat d’incertitude sur le marché immobilier, la hausse des taux devrait rester progressive et maîtrisée, offrant aux ménages un peu de marge pour planifier leurs emprunts.
👁 L’œil de l’expert : prudence mais pas de panique
Pour les spécialistes du marché immobilier et du crédit, l’actualité politique illustre que les décisions parlementaires ont un impact direct sur les finances personnelles. Une suspension de la réforme des retraites amplifierait la nervosité des marchés obligataires et se répercuterait sur les taux des crédits immobiliers, mais une hausse progressive reste gérable.
L’enjeu pour les Français sera de suivre attentivement l’évolution des marchés et d’anticiper les fluctuations potentielles pour sécuriser leurs projets immobiliers.