La France vient d’acter l’un des accords militaires les plus ambitieux de son histoire récente : jusqu’à 100 avions de chasse Rafale destinés à renforcer la flotte ukrainienne. Cet engagement, qui succède à la livraison des Mirage 2000-5, marque un tournant stratégique majeur pour Paris et Kiev. Derrière l’annonce se dessine un enjeu financier colossal, un rééquilibrage géopolitique, et une accélération sans précédent pour l’industrie aéronautique française. Dans ce deal qualifié « d’accord historique » par Volodymyr Zelensky, les implications dépassent largement le champ militaire.
🇺🇦🇫🇷 Un virage stratégique et financier : la France change d’échelle
La signature d’une lettre d’intention entre Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky prévoit que Kiev puisse acquérir jusqu’à 100 Rafale, ainsi que des systèmes de défense antiaérienne et des drones. L’Élysée confirme que cet accord fera de l’Ukraine la deuxième flotte mondiale de Rafale, juste derrière les 225 appareils français, surpassant les Émirats arabes unis (80), l’Inde (62) et l’Égypte (55).
Cette promesse d’équipement représente un investissement militaire majeur, ouvrant des perspectives commerciales stratégiques pour Dassault Aviation et consolidant l’influence française dans l’architecture sécuritaire européenne.
Au début du conflit, Paris rejetait fermement l’idée de livrer des avions de combat, invoquant les risques d’escalade. Emmanuel Macron rappelait que ce type de transfert ne pouvait se faire qu’à deux conditions : ne pas affaiblir la défense française, et ne pas permettre des frappes en territoire russe.
Ce positionnement s’est infléchi en 2024, sous l’effet combiné de la pression des alliés et du besoin vital pour Kiev de moderniser sa défense aérienne. Le 6 juin, le président français officialisait ainsi l’envoi de Mirage 2000-5F, marquant une rupture nette avec la ligne initiale.
Fin 2024, Zelensky déclarait mener « trois négociations simultanées avec les Français, les Suédois et les Américains » afin de constituer une flotte de 250 avions modernes. Si l’Ukraine vise désormais les Rafale, l’amiral Jean-Louis Vichot rappelle sur BFMTV que « la mise en service prendra du temps », notamment en raison de la formation des pilotes et mécaniciens, et des tensions déjà existantes sur les propres capacités françaises.
🔥 L’industrie française en accélération
La France a récemment transféré ses premiers Mirage 2000-5, comme l’a indiqué Sébastien Lecornu le 6 février 2025. Ces avions, entièrement donnés à Kiev selon plusieurs sources, ont été adaptés sur la base de Cazaux pour intégrer un renforcement air-sol, des modules de guerre électronique, mais aussi une protection accrue contre les brouillages russes.
Selon des rapports budgétaires, la France prévoit au total de céder six Mirage 2000-5. Leur apparition dans l’inventaire ukrainien constitue une avancée cruciale dans la modernisation de son aviation de combat.
Dassault Aviation vit une phase d’expansion unique. La production du 300ᵉ Rafale vient d’être achevée, un symbole fort pour un appareil qui, après des débuts difficiles, est devenu l’un des best-sellers mondiaux de l’aviation de défense.
En dix ans, l’avion français a engrangé huit contrats internationaux :
Égypte : première commande de 24 appareils en 2015,
Qatar : 24 avions en 2015, puis 12 supplémentaires en 2017,
puis successivement l’Inde, la Grèce, les Émirats et d’autres clients majeurs.
Pour répondre à la demande croissante — renforcée par la perspective ukrainienne — Dassault a restructuré ses lignes de production :
objectif 3 Rafale par mois dès 2026,
passage prévu à 4 appareils mensuels entre 2028 et 2029.
Cette cadence place la filière industrielle française dans une dynamique économique exceptionnelle, soutenant des milliers d’emplois et consolidant la souveraineté technologique nationale.
👁️ L’œil de l’expert : un deal « marqueur »
Cet accord Rafale–Ukraine est bien plus qu’un transfert d’armement. Il représente un pivot stratégique pour la France, qui renforce son influence militaire tout en propulsant son industrie aéronautique à un niveau inédit. Pour l’Ukraine, il s’agit d’une projection à long terme, visant la constitution d’une armée de l’air moderne et interopérable avec les standards OTAN.
Sur le plan économique, l’opération pourrait devenir l’un des contrats les plus structurants de la décennie, consolidant la place du Rafale comme référence mondiale. Pour Paris, c’est une opportunité de stabiliser durablement la chaîne industrielle, de sécuriser les exportations, et d’affirmer sa puissance diplomatique.
En somme, un accord qui combine stratégie, économie et géopolitique — et qui pourrait redessiner les équilibres militaires européens pour les vingt prochaines années.





