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BCE : la probable riposte monétaire face à l’ombre du protectionnisme trumpien

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Alors que les tensions commerciales entre l’Europe et les États-Unis s’intensifient, la Banque centrale européenne s’apprête à frapper un grand coup. Ce jeudi, une huitième baisse des taux est attendue. Une réponse stratégique au ralentissement économique… et au retour d’une menace bien connue : Donald Trump.

️ L’Europe sur la défensive

Ce n’est plus une simple hypothèse : la Banque centrale européenne devrait, selon de nombreux analystes, abaisser une fois de plus son taux de dépôt d’un quart de point, pour atteindre 2 %. Il s’agirait de la huitième baisse consécutive dans un cycle inédit de détente monétaire.

La justification ? Une double pression. La désinflation continue d’une part — avec un taux ramené à 2,2 % en avril et des prévisions encore plus basses pour mai —, et surtout, la montée inquiétante des tensions commerciales déclenchées par le président américain Donald Trump. Ce dernier a menacé de doubler les droits de douane sur les produits européens, visant spécifiquement l’acier et l’aluminium. Et malgré un report de ces surtaxes au 9 juillet, l’Union européenne reste en alerte.

Les perspectives à court terme de la zone euro se sont détériorées en raison des récentes annonces américaines sur les droits de douane

a souligné la banque HSBC, anticipant un geste fort de la BCE.

Politique monétaire divergente : l’Europe et les États-Unis en désaccord stratégique

Contrairement à la Réserve fédérale américaine, qui maintient ses taux au-delà de 4 % dans un contexte de relance budgétaire agressive et de craintes inflationnistes, la BCE choisit une voie opposée : stimuler la croissance coûte que coûte. La Banque d’Angleterre, souvent proche du modèle américain, n’envisage pas de détente immédiate non plus.

Cette divergence reflète une lecture géopolitique contrastée. L’administration Trump, avec ses ambitions protectionnistes, fragilise le libre-échange mondial. Pour Christine Lagarde, présidente de la BCE, il ne fait aucun doute que « le leadership américain et la suprématie du dollar vacillent », une déclaration lourde de sens face à l’affaiblissement de l’ordre économique établi.

En parallèle, les salaires négociés ralentissent, passant de 4,12 % fin 2024 à 2,38 % au premier trimestre 2025 — un signal supplémentaire que les pressions inflationnistes s’éloignent, laissant le champ libre à des politiques plus accommodantes.

Entre incertitudes géopolitiques et spéculations internes

Au-delà des chiffres, le climat entourant la prochaine réunion de la BCE est chargé de tensions internationales et de rumeurs internes. La hausse soudaine des surtaxes américaines sur certains produits stratégiques n’est qu’un avant-goût d’une guerre commerciale qui pourrait exploser à l’été.

Sur un autre plan, des spéculations sur l’avenir de Christine Lagarde ont enflé ces derniers jours, après que Klaus Schwab, ex-directeur du Forum économique mondial, a déclaré avoir discuté avec elle de sa succession à la tête de l’organisation. La BCE, elle, a démenti avec fermeté, rappelant que sa présidente est engagée jusqu’à octobre 2027.

Malgré ce contexte agité, la ligne stratégique de Francfort reste claire : stabiliser l’économie européenne et préserver l’investissement, même au prix d’une pause monétaire probable en juillet pour évaluer les effets de cette nouvelle baisse.

L’œil de l’expert : une BCE lucide dans une tempête globale

La BCE ne baisse pas les taux par panique mais par calcul. Elle observe un ralentissement clair, une désinflation maîtrisée, et surtout, une incertitude géopolitique sans précédent depuis 2018. Dans ce contexte, continuer à alléger le coût du crédit est une décision pragmatique.

Mais cette huitième baisse pourrait bien être la dernière avant un point d’arrêt. L’Europe entre dans une phase de veille stratégique, en attendant de voir jusqu’où Donald Trump poussera son bras de fer commercial.

Written by
Vanessa Vallée

Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.

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