Les marchés européens ont brutalement décroché ce vendredi, sous le double choc d’une statistique décevante sur l’emploi aux États-Unis et d’une nouvelle escalade protectionniste impulsée par la Maison-Blanche. Alors que la croissance mondiale vacille, la fébrilité des investisseurs rappelle à quel point les équilibres économiques restent précaires.
🌩 Douanes, emploi : cocktail toxique
Les places boursières européennes ont décroché jusqu’à près de 3 % ce vendredi, dans un climat d’incertitude aiguë provoqué par deux annonces simultanées aux États-Unis : une flambée protectionniste orchestrée par Donald Trump et des chiffres décevants de l’emploi. À 14h10 GMT, le CAC 40 chutait de 2,95 %, le Dax perdait 2,7 %, et le Stoxx 600 enregistrait une baisse de 2 %, signalant une onde de choc continentale. À Wall Street, le S&P 500 reculait de 1,6 %, tandis que le dollar et les taux obligataires américains s’effritaient.
La première alerte est venue de la signature par Donald Trump d’un nouveau décret renforçant les droits de douane sur les importations en provenance de plusieurs économies majeures comme le Canada, la Suisse, l’Inde, le Brésil ou encore Taïwan. Cette décision ravive les craintes d’un durcissement de la guerre commerciale à l’échelle globale. Selon les analystes, ce geste pourrait engendrer une hausse mécanique des prix à l’importation, affectant à la fois les chaînes de production industrielles et le pouvoir d’achat des ménages, notamment en Europe où les groupes exportateurs sont directement exposés.
En parallèle, le rapport mensuel sur l’emploi américain est venu doucher les espoirs d’un rebond économique durable : les créations de postes en juillet ont été nettement inférieures aux anticipations, et les chiffres de juin ont été revus fortement à la baisse. Ce double signal affaiblit la dynamique de l’économie américaine, pourtant perçue comme plus robuste que celle de la zone euro ces derniers mois.
Pour Yves-Marie Douet, économiste chez BNP Paribas :
Cette combinaison de pressions commerciales et de ralentissement du marché de l’emploi remet en question les prévisions optimistes sur la résilience de l’économie américaine.
👁 L’œil de l’expert : en attendant l’hiver
Ce nouvel épisode de tensions commerciales combiné à une fragilité croissante de la conjoncture américaine constitue un signal d’alarme pour les investisseurs. Les valeurs industrielles et technologiques, particulièrement dépendantes des flux transatlantiques, se retrouvent en première ligne face à cette montée des incertitudes. Si cette dynamique devait s’installer, les banques centrales pourraient être forcées de réajuster leur stratégie monétaire plus tôt que prévu.
Dans un contexte où la croissance reste molle en Europe, ces soubresauts transatlantiques viennent fragiliser davantage la stabilité des marchés. L’économie mondiale, déjà sous tension, entre dans une phase de turbulences dont les répercussions pourraient se faire sentir au-delà de l’été.
