Les tensions commerciales internationales reprennent de plus belle, et la Bourse de Paris accuse le coup. Ce vendredi 4 juillet, le CAC 40 fléchit sous le poids des incertitudes fiscales entre l’Europe, les États-Unis et la Chine. En ligne de mire : les hausses de droits de douane décidées par l’administration Trump, couplées à des mesures de rétorsion chinoises sur les produits européens. Le climat se tend, les investisseurs vacillent, et les multinationales du luxe trinquent.
Taxes américaines, dette et volatilité : les marchés à cran
L’indice phare parisien, le CAC 40, cédait 0,77 % en matinée, soit un recul de 59,84 points à 7 694,71, après une clôture en légère hausse la veille (+0,21 %). Si le chiffre peut paraître modéré, le signal envoyé aux investisseurs est plus inquiétant : les tensions commerciales et fiscales s’intensifient à mesure que se rapproche la date butoir du 9 juillet, marquant la possible mise en œuvre de nouvelles surtaxes américaines sur les importations européennes.
Selon Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown :
l’optimisme s’évapore en cette fin de semaine, à l’approche de la date butoir pour les droits de douane américains. De nombreux pays semblent devoir faire face à des tarifs plus élevés que prévu.
Alors qu’en avril une taxe de 20 % était évoquée, c’est désormais un relèvement à 50 % qui menace certaines catégories d’imports européens, en réponse aux taxes numériques appliquées aux géants américains de la tech. Dans le même temps, l’adoption par le Congrès du plan fiscal défendu par Donald Trump, prévoyant des baisses d’impôts mais aussi des coupes budgétaires sociales, inquiète Wall Street comme les places européennes.
Le déficit américain, déjà colossal, pourrait voir la dette nationale dépasser 40 000 milliards de dollars dans les années à venir. Une dérive que les marchés anticipent comme un facteur de hausse des taux à long terme, et donc un frein aux valorisations boursières.
Cognac, luxe et rétorsion : l’attaque chinoise fait trembler le secteur
Comme si cela ne suffisait pas, la Chine a annoncé vendredi l’instauration de droits antidumping sur les brandys européens, notamment le cognac et l’armagnac, dès le lendemain. Un coup dur pour les groupes français du luxe et des spiritueux.
En réaction, LVMH chutait de 1,46 % à 478,70 €, alors que Pernod Ricard reculait de 0,31 %, avant de se stabiliser. Rémy Cointreau, pourtant concerné, parvenait à rebondir (+0,84 %) après une ouverture en baisse. Les investisseurs arbitrent vite : l’exposition au marché chinois devient un risque à court terme que le marché valorise immédiatement.
Cette guerre commerciale à double front — États-Unis et Chine — touche directement les fleurons tricolores les plus exportateurs, et remet sur la table la vulnérabilité de l’économie française face aux tensions diplomatiques. Car en bout de chaîne, ce sont les résultats semestriels, les dividendes, et la compétitivité des entreprises cotées qui se retrouvent menacés.
L’œil de l’expert : Prudence!
Entre surtaxes américaines, rétorsions chinoises et explosion programmée de la dette américaine, les marchés n’évoluent plus sur des fondamentaux d’entreprise, mais sur des décisions politiques. Et c’est bien là le danger.
Dans cette géopolitique économique, les places boursières deviennent l’écran de projection des tensions internationales, au détriment des perspectives de croissance réelle. Pour les investisseurs comme pour les entreprises, l’heure n’est plus à l’euphorie, mais à la prudence stratégique. Le CAC 40, lui, en paie déjà le prix.