Dans un climat où l’incertitude politique pèse lourdement sur l’économie française, les taux des crédits immobiliers ont fait preuve d’un calme inattendu au cours du premier semestre 2025. Selon les données récemment publiées par l’Observatoire Crédit Logement/CSA, les taux stagnent autour de 3,07 %… pour l’instant. Mais cette accalmie pourrait être de courte durée. En toile de fond : des projections budgétaires austères, des tensions bancaires et une croissance du marché toujours timide. Décryptage.
📉 Taux gelés, marchés refroidis
Alors que l’année 2024 s’était révélée morose sur le front de l’immobilier, 2025 semble avoir amorcé une légère reprise.
L’année retrouve des couleurs
a déclaré Michel Mouillart, économiste et responsable de l’Observatoire CSA/Crédit Logement, lors d’une conférence le 17 juillet. Mais ce retour timide à la confiance reste fragile. En mars, le taux moyen des prêts immobiliers atteignait 3,09 %, avant de glisser très légèrement à 3,07 % en juin et en juillet. Une stabilité trompeuse selon les experts, qui redoutent déjà la suite.
La cause ? Une demande en berne, des intentions d’achat qui fléchissent et des banques qui durcissent l’accès au crédit.
C’est la stabilité qui prévaut maintenant
concède Mouillart. En d’autres termes, les taux stagnent parce que le marché est en pause. Si cette phase a permis à certains emprunteurs de souffler, elle ne reflète pas une dynamique saine mais plutôt un attentisme généralisé. Sans réforme ni soutien fiscal d’envergure, le crédit pourrait s’enliser.
💸 Vers un retour de la hausse en 2026
Derrière cette façade de stabilité, l’horizon 2026 se profile comme une année plus rude.
Nous pensons que l’environnement macroéconomique va accompagner une remontée des taux des crédits immobiliers
prévient Michel Mouillart. L’économiste anticipe un taux moyen à 3,11 % sur l’ensemble de 2025, avec une fin d’année à 3,05 %. En revanche, la projection pour 2026 grimpe à 3,40 %, soit un retour en zone de tension pour les emprunteurs.
Cette anticipation s’inscrit dans un contexte budgétaire plus contraint. Le projet de loi de finances présenté par le Premier ministre François Bayrou prévoit en effet une cure d’austérité pour contenir le déficit public à 4,6 % du PIB. Résultat : 43,8 milliards d’euros d’économies programmées en 2026, notamment via le gel des prestations sociales et des pensions de retraite – à l’exception notable du budget de la Défense, revalorisé de 6,5 milliards d’euros sur deux ans. Ce plan, s’il est adopté, pourrait « ne pas offrir un grand coup de soutien au secteur du logement », selon Mouillart.
👁 L’œil de l’expert : cap sur l’incertitude
À première vue, le marché immobilier semble avoir retrouvé son souffle. Mais en réalité, il tient plus de la respiration suspendue que du véritable rebond. Si l’année 2025 peut s’achever dans un équilibre fragile, 2026 s’annonce beaucoup plus volatile. La conjoncture politique, la rigueur budgétaire à venir et la frilosité des banques pèsent comme des menaces latentes.
Les ménages, déjà éprouvés par la hausse du coût de la vie, devront arbitrer entre des projets d’achat repoussés et un accès au crédit potentiellement plus coûteux. Dans ce contexte, la visibilité à moyen terme est quasi nulle, et le plafond des crédits accordés pourrait devenir un plafond de verre infranchissable. Prudence est mère de sûreté.