Le gouvernement français a franchi un cap décisif dans la lutte contre les PFAS, ces « polluants éternels » aux effets nocifs sur la santé et l’environnement. Promulguée le 28 février 2025, une nouvelle loi encadre strictement leur usage, impose une trajectoire de réduction des rejets industriels et introduit une redevance inédite fondée sur le principe du pollueur-payeur. Cette régulation ambitieuse, qui vise zéro rejet d’ici cinq ans, soulève de lourds enjeux économiques pour les industriels français, appelés à revoir leurs procédés et à investir massivement dans des alternatives. Une transformation radicale du paysage industriel s’amorce, entre contraintes environnementales et impératifs de compétitivité.
🧪 Enjeux sanitaires et environnementaux qui poussent la France à agir
Les PFAS, composés chimiques persistants souvent qualifiés de « polluants éternels », sont présents dans de nombreux produits industriels et grand public tels que les textiles, les cosmétiques ou les mousses anti-incendie. Ils s’accumulent dans les sols, les eaux et les organismes vivants, présentant des risques importants pour la santé, notamment des cancers. Face à ces dangers, la France a adopté fin février 2025 une loi interdisant certains usages dès le 1er janvier 2026, avec une extension à l’ensemble des textiles prévue pour 2030. Cette loi impose également une réduction progressive des rejets industriels, visant à atteindre zéro rejet d’ici 2030. Pour financer les coûts liés à la recherche et à l’innovation nécessaires à la mise en œuvre de la dépollution, tout en responsabilisant les industriels, elle instaure une redevance pollueur-payeur fixée à 100 euros pour 100 grammes de PFAS rejetés dans l’eau.
UFC-Que Choisir explique :
À Paris, la concentration de certains PFAS dans l’eau potable dépasse 62 fois le seuil recommandé.
💰 Coût de la dépollution : un enjeu économique majeur
La dépollution des PFAS représente un enjeu majeur tant sur le plan environnemental que financier pour la France et ses collectivités. Les coûts liés au traitement de l’eau contaminée sont déjà conséquents et devraient encore augmenter dans les années à venir.
Les collectivités locales supportent des coûts importants pour traiter l’eau contaminée par les PFAS.
Par exemple, Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon estime que :
Le coût des investissements pour traiter la pollution de l’eau par les PFAS s’élève à 5 millions d’euros d’investissements et engendrera un surcoût annuel allant jusqu’à 600 000 euros à partir de 2026.
En Île-de-France, le Syndicat des Eaux (SEDIF) a engagé des investissements majeurs, dépassant le milliard d’euros, pour moderniser ses infrastructures et garantir une eau potable saine à plus de 4 millions d’habitants.
À l’échelle européenne, le Bureau européen de l’environnement estime que :
D’ici 20 ans, la dépollution des PFAS en Europe pourrait coûter entre 95 et 2 000 milliards d’euros
Incluant le traitement de l’eau, la réhabilitation des sols, la surveillance environnementale et les impacts sanitaires.
👁 L’œil de l’expert : Eliminer les PFAS
La lutte contre les PFAS, bien que coûteuse, constitue un investissement incontournable pour la France. En imposant des normes strictes et une redevance pollueur-payeur, le gouvernement engage les industriels dans une transformation profonde, essentielle pour limiter les risques sanitaires et protéger les ressources naturelles. À court terme, ces mesures représentent un défi économique majeur, notamment pour les secteurs les plus exposés, mais elles favorisent également l’innovation et la transition vers des technologies plus propres. Sur le long terme, cette régulation vise à réduire considérablement les coûts liés aux conséquences sanitaires et environnementales, contribuant ainsi à une croissance plus responsable et durable de l’économie française.