Alors que la date fatidique du 1er août approche, l’Union européenne tente d’éviter une hausse drastique des droits de douane américains. Une négociation de la dernière chance est en cours entre Bruxelles et Washington pour éviter que les exportations européennes soient frappées de taxes punitives de 30 %, comme le prévoit Donald Trump en cas d’échec. Face à cette pression commerciale inédite, un compromis à 15 % est sur la table, selon des sources proches du dossier. Une solution temporaire ou un tournant géopolitique ? Les enjeux économiques sont colossaux.
💼 Les parties proches d’un accord ?
Mercredi 23 juillet, le chancelier allemand Friedrich Merz a laissé entrevoir une percée dans les négociations :
Nous apprenons en ce moment même que des décisions pourraient être prises
a-t-il déclaré à Berlin lors d’une réunion avec Emmanuel Macron. Ces propos font écho à des informations du Financial Times, selon lesquelles un accord commercial transatlantique est proche, avec des droits de douane à 15 % sur les produits européens, calqué sur l’accord que Donald Trump vient de conclure avec le Japon.
Ce scénario permettrait d’éviter l’imposition automatique de droits de douane de 30 % sur les importations européennes, prévue au 1er août par la nouvelle politique commerciale américaine. Selon deux sources diplomatiques européennes, cette solution de repli est considérée comme la moins pénalisante économiquement pour les industries exportatrices européennes — notamment l’automobile, les machines-outils et certains biens manufacturés.
Le négociateur en chef de l’Union européenne, Maros Sefcovic, doit encore affiner les termes de l’accord lors de ses discussions avec son homologue américain Howard Lutnick, en espérant un alignement politique avant l’échéance. L’objectif, selon un porte-parole de la Commission européenne, est clair : « trouver un accord négocié qui protège les intérêts des 27 États membres« .
📉 Le pari d’un apaisement temporaire
Pour Emmanuel Macron, cette négociation incarne un double défi : préserver la stabilité économique et défendre la souveraineté européenne. À Berlin, le président français a souligné l’importance de « tarifs les plus bas possibles » tout en affirmant la volonté d’être traités comme des « partenaires respectés« . La France, comme l’Allemagne, redoute que ces tensions commerciales ne viennent affaiblir davantage la compétitivité industrielle de l’UE dans un contexte mondial déjà sous pression.
Un droit de douane de 15 %, bien qu’inférieur aux 30 % initialement menacés, représente tout de même un renchérissement immédiat pour les entreprises européennes. Il pourrait peser sur les marges des exportateurs, générer une hausse des prix à la consommation et créer des effets de distorsion dans les chaînes d’approvisionnement. Sans compter le signal négatif envoyé aux investisseurs internationaux quant à la stabilité des relations commerciales euro-américaines.
En optant pour ce compromis, Bruxelles parie sur un apaisement temporaire, tout en espérant un éventuel changement de cap à la Maison-Blanche après l’élection présidentielle. Mais ce type d’accord partiel pourrait instaurer un précédent dangereux, en légitimant la politique tarifaire agressive de Washington comme outil de pression diplomatique.
👁️ L’œil de l’expert : retenir la leçon
Un accord à 15 % est sans doute le moindre mal, mais il ne peut être qu’une solution de court terme
analyse un économiste du CEPII. En effet, si cette mesure permet de gagner du temps, elle n’efface pas le fond du problème : l’absence d’une stratégie commerciale claire et durable entre les deux rives de l’Atlantique. Pour l’Europe, l’urgence est désormais de renforcer son autonomie commerciale, tout en accélérant la diversification de ses marchés.
Avec ce nouveau bras de fer tarifaire, l’Union européenne met du temps à réagir face à des partenaires devenus imprévisibles. L’enjeu n’est plus seulement économique, mais stratégique : préserver son influence dans un monde de plus en plus polarisé.