Budget 2026 : l’“année blanche” en débat, une cure d’austérité déguisée pour l’État ?
Alors que la France cherche à combler un déficit public vertigineux, le gouvernement envisage une mesure aussi inédite que controversée : une "année blanche" budgétaire. Non, il ne s’agit pas d’une exonération fiscale, comme en 2018. Cette fois, l’État songerait à geler l’intégralité de ses dépenses, sans les ajuster à l’inflation. Une stratégie à haut risque qui soulève autant d’espoirs que de crispations au sein de la majorité et de l’opposition.
🧊 Année blanche : Gel des dépenses publiques en 2026
Derrière cette idée d’« année blanche » se cache une logique implacable : conserver en 2026 le budget fixé en 2025, sans revalorisation liée à l’inflation. En clair, cela reviendrait à réduire mécaniquement le pouvoir d’achat des services publics. Selon Les Échos, cette opération pourrait générer entre 15 et 25 milliards d’euros bruts d’économies.
L'objectif ? Montrer patte blanche à des institutions internationales comme le FMI, de plus en plus préoccupées par le niveau d’endettement français. Une forme de démonstration de rigueur budgétaire à l’international. Le président du Sénat, Gérard Larcher, défend d’ailleurs un gel des dépenses “dans tous les domaines, y compris sociaux”, estimant qu’une inflation modérée rend cette cure acceptable.
Mais tous ne partagent pas cet avis. Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, alerte :
Ce serait un one shot. On le fait une fois, et ensuite ? Ce sont des efforts pluriannuels qu’il faut engager.
Pour lui, seule une refonte des politiques publiques dans la durée permettrait une stabilisation budgétaire crédible.
⚖️ Les lignes rouges d’une austérité ciblée
Ce gel des dépenses ne serait pas appliqué uniformément. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a reconnu la nécessité d’un traitement au cas par cas :
Il faut distinguer secteur par secteur. Certaines prestations sociales peuvent être figées, d’autres non, notamment celles qui concernent les plus modestes.
Le gouvernement exclut toute hausse générale des impôts, mais reste flou sur les arbitrages à venir.
La proposition, défendue entre autres par le député Mathieu Lefèvre (Renaissance), écarte toutefois le gel du barème de l’impôt sur le revenu ou de la CSG, car cela équivaudrait à une hausse déguisée de la pression fiscale pour les Français. En revanche, les dotations aux collectivités, les budgets ministériels et les dépenses de Sécurité sociale pourraient faire les frais de ce gel. Cela inclut potentiellement le RSA, l’AAH ou les remboursements de soins, déjà sensibles dans le contexte social actuel.
La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, reconnaît que le scénario reste envisageable pour les aides sociales, mais nuance :
Cette question se pose différemment quand l’inflation est à 5 % ou à 1,5 %, comme c’est le cas aujourd’hui."
Un flou que sa collègue Catherine Vautrin, en charge du Travail, s’est empressée d’entretenir : “C’est beaucoup trop tôt pour faire la moindre annonce ”, confiait-elle le 3 juin.
👁 L’œil de l’expert : entre calcul budgétaire et pari politique
Derrière la technicité du débat, l’année blanche apparaît comme un acte de foi économique et politique. D’un côté, elle offre une solution rapide et visible à un déficit qui inquiète jusqu’aux agences de notation. De l’autre, elle porte le risque d’un affaiblissement du tissu social dans un pays déjà marqué par les tensions autour du pouvoir d’achat.
Ce gel, partiel ou total, serait une manière d’éviter une hausse brutale des impôts, tout en envoyant un signal fort aux créanciers internationaux. Mais le risque de fractures sociales est réel : toucher aux aides sociales revient souvent à frapper les plus fragiles, et à alimenter un climat de défiance envers l’État. Un équilibre précaire, à manier avec une extrême prudence.
À propos de l'auteur
Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.