Droits de douane: Trump recule sous la pression, mais cible davantage la Chine
Alors que l’escalade commerciale mondiale semblait inévitable, Donald Trump a une fois de plus surpris le monde en modulant son approche : un assouplissement temporaire sur les droits de douane en général , mais un coup de massue inédit pour la Chine. Le 9 avril, le président américain a annoncé une surtaxe douanière de 125 % sur certains produits chinois, marquant un tournant historique dans la guerre commerciale sino-américaine. En parallèle, il accorde un sursis de 90 jours au reste du monde, ramenant les droits de douane à 10 % pendant cette période. Une manœuvre diplomatique à double tranchant, qui redéfinit les rapports de force et place l’Europe dans une position stratégique, mais délicate.
⌛️ L’Europe entre répit tactique et vigilance stratégique
Si Washington accorde un répit temporaire à Bruxelles, l’Union européenne reste sur le qui-vive. Les taxes américaines de 25 % sur l’acier et l’aluminium ont déjà conduit la Commission européenne à réagir avec une première salve de contre-mesures. Selon des documents consultés par Reuters, cette riposte prévoit des hausses tarifaires sur une large gamme de produits importés des États-Unis : céréales (blé, orge, riz, maïs), volailles, motos, et même le soja, stratégique pour les filières d’élevage.
Dans une posture à la fois ferme et ouverte, la Commission souligne que ces mesures « peuvent être suspendues à tout moment si les États-Unis acceptent une issue négociée juste et équilibrée ». Mais dans l’ombre de ce bras de fer transatlantique, c’est bien le choc sino-américain qui pourrait produire les effets les plus déstabilisants pour les marchés européens.
Jean-Luc Demarty, ancien directeur général du commerce à la Commission européenne, insiste sur la nécessité d’une stratégie offensive :
Il faut laisser planer la menace d’une action sur les services américains
Selon lui, l’UE doit cibler les grandes plateformes numériques américaines, en choisissant des mesures qui préservent l’économie européenne mais touchent des symboles stratégiques américains. Car, rappelle-t-il, « avec Donald Trump, seul le rapport de force peut payer ».
🗽 La surenchère sino-américaine : quels impacts pour l’agriculture et le commerce européen ?
La guerre commerciale entre Pékin et Washington pourrait bien déborder sur les équilibres économiques mondiaux. L’annonce de la surtaxe de 125 % sur les exportations chinoises aux États-Unis pousse la Chine à revoir ses circuits d’approvisionnement. « Pour le soja, la Chine va se tourner vers le Brésil et l’Argentine », prévient Demarty. Cette redirection des flux risque d’entraîner une flambée des prix, impactant durement les éleveurs européens, qui dépendent largement de cette matière première pour l’alimentation animale.
Dans ce contexte instable, l’Union européenne envisage d'accélérer la ratification de l'accord commercial avec le Mercosur, regroupant le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Avec ses 295 millions de consommateurs, ce marché pourrait représenter un levier de diversification pour les exportateurs européens. Si la France maintient certaines réticences, notamment sur les conséquences agricoles, ces réserves ont peu de chances d’aboutir dans l’urgence actuelle. La Commission européenne tente de rassurer en évoquant des « clauses de sauvegarde » destinées à encadrer les impacts sur les producteurs européens.
Mais l’UE ne peut se contenter de réagir. Elle doit aussi anticiper une éventuelle pression exportatrice chinoise, en cas de déviation des flux commerciaux vers le Vieux Continent. Le risque n’est pas théorique : avec deux tiers du marché mondial du soja entre ses mains, Pékin dispose d’un pouvoir de réorientation économique considérable.
👁 L'œil de l'expert : miser sur la fermeté et l’autonomie commerciale
Face à un président américain décidément imprévisible et une Chine sur la défensive, l’Union européenne doit jouer une partition fine, combinant pression diplomatique, réactivité économique et construction de nouvelles alliances commerciales. Multilatéralisme renforcé, activation d’accords stratégiques comme le Mercosur, et taxation ciblée des services numériques américains sont autant d’options à activer pour ne pas subir, mais peser dans la recomposition des rapports commerciaux mondiaux
À propos de l'auteur
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