L'Europe menace : 95 milliards d’euros d’importations américaines dans le viseur de Bruxelles
Alors que les tensions commerciales refont surface entre les deux rives de l’Atlantique, l’Union européenne hausse le ton. Face aux droits de douane imposés unilatéralement par Washington sur les produits européens, Bruxelles envisage une riposte d’envergure : 95 milliards d’euros d’importations américaines pourraient être lourdement taxés. Cette posture défensive s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe, marqué par un rapprochement économique entre les États-Unis et le Royaume-Uni, et par une Europe soucieuse de défendre ses intérêts stratégiques.
👮🏽 Une riposte douanière ciblée face aux tensions commerciales persistantes
Le 8 mai 2025, la Commission européenne a initié une consultation publique sur une liste étendue de produits américains susceptibles d’être frappés par des droits de douane. Sont concernés des secteurs emblématiques de l’économie américaine : automobiles, aéronautique, batteries, électroménager, ainsi que les produits agricoles et agroalimentaires, parmi lesquels figurent les spiritueux comme le bourbon ou certains vins.
Cette mesure, qualifiée de « réaction proportionnée » par des sources proches du dossier, vise à peser sur les négociations commerciales en cours avec Washington. « Nous ne voulons pas de l’escalade, mais nous n’y renoncerons pas si nos intérêts sont bafoués », avertit un conseiller commercial européen cité par l’AFP.
Le calendrier est d’autant plus tendu que les États-Unis ont récemment signé un accord commercial qualifié de « complet » avec le Royaume-Uni. Ce rapprochement bilatéral alimente les inquiétudes sur une possible marginalisation du bloc européen, dont les exportations vers les États-Unis restent lourdement taxées : 25 % sur l’acier et l’aluminium, 25 % sur les voitures, et 20 % sur d'autres biens, bien que certaines surtaxes aient été temporairement suspendues.
🏭 Entre diplomatie et procédure juridique : l’UE défend sa souveraineté économique
En parallèle de cette stratégie tarifaire, Bruxelles prépare une offensive juridique devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Une demande officielle de consultations sera prochainement déposée, première étape d’un processus de règlement des différends visant à contester la légalité des mesures américaines. Pour la Commission, les décisions de l’administration Trump – et leur prolongement actuel – constituent « une atteinte manifeste aux règles multilatérales » qui structurent le commerce international.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, se veut néanmoins prudente et ouverte :
« Nous pensons qu’un accord équilibré reste possible, mais dans le même temps, nous devons nous tenir prêts à toutes les issues. »
Ce double discours traduit la stratégie européenne de dissuasion mesurée : maintenir le dialogue, tout en consolidant ses leviers de pression. Il s’agit autant de protéger les acteurs économiques européens que de réaffirmer l’attachement de l’Union à un commerce fondé sur des règles, à l’heure où les rapports de force bilatéraux prennent souvent le pas sur les régulations globales.
👁 L'œil de l’expert : vers un réalignement des rapports transatlantiques ?
Ce bras de fer tarifaire entre l’Union européenne et les États-Unis illustre la fragilité de l’ordre économique mondial, de plus en plus fragmenté par les tensions géopolitiques. Derrière les droits de douane se joue une bataille de souveraineté commerciale, dans laquelle l’UE entend affirmer son autonomie stratégique.
La menace de Bruxelles n’est pas une simple posture : elle répond à une accumulation de signaux perçus comme hostiles, et s’inscrit dans un rapport de force assumé. Dans ce contexte, la voie de la négociation reste étroite, mais indispensable pour éviter une nouvelle spirale protectionniste qui pourrait pénaliser à la fois les entreprises et les consommateurs des deux continents.
À propos de l'auteur
Responsable du développement commercial au sein du Groupe Win'Up, Vanessa accompagne des entrepreneurs dans leur projet de création et participe au développement de la notoriété des enseignes du groupe. Sensible aux sujets économiques et financiers, Vanessa partage son avis sur les actualités.