Les défaillances d'entreprises en France : Une tendance inquiétante pour 2024 et au-delà
La situation économique des entreprises françaises a pris une tournure préoccupante en 2024. En dépit des efforts fournis par le gouvernement pendant la pandémie, l’année écoulée a vu un nombre record de défaillances, affectant profondément le paysage entrepreneurial. Cette tendance n’est pas sans conséquence sur l’emploi, la croissance et la stabilité des secteurs les plus vulnérables. Dans ce contexte, il est crucial de comprendre les causes sous-jacentes de cette crise, ses répercussions sur certains secteurs, et les perspectives pour l’avenir de l’écosystème économique en France.
🚨 Un bond alarmant des défaillances d’entreprises : Un phénomène en accélération
Selon les dernières données du groupe bancaire BPCE, 2024 a enregistré un total sans précédent de 66.420 défaillances d’entreprises en France. Ce chiffre dépasse largement ceux observés pendant la crise financière de 2008, ce qui marque un tournant brutal dans la situation économique du pays. Entre 2010 et 2015, le nombre moyen d’entreprises en faillite était d’environ 60.000 par an, mais cette tendance avait quelque peu diminué jusqu'à l’apparition de la pandémie de COVID-19.
L’arrêt des mesures d’urgence, telles que les prêts garantis par l'État (PGE) ou les reports de charges sociales, a joué un rôle majeur dans cette recrudescence des défaillances. Bien que ces aides aient permis de maintenir à flot une partie des entreprises durant la crise sanitaire, elles n’ont pas suffi à éviter un rattrapage massif des faillites une fois ces dispositifs supprimés. L’impact sur l’emploi est conséquent, avec environ 260.000 emplois directement menacés par la fermeture d’entreprises. Cependant, il est important de noter que certaines sociétés en difficulté peuvent encore trouver des repreneurs, limitant ainsi l’effet sur l’emploi, comme l’exemple de Naf Naf qui a été reprise par une société turque.
🚛 Les secteurs les plus touchés : Construction, transport et PME en souffrance
Les secteurs les plus frappés par cette vague de défaillances sont principalement la construction et l’immobilier. La hausse des taux d'intérêt, qui a rendu l'accès au crédit plus coûteux, a exacerbé les difficultés des promoteurs immobiliers et des artisans, déjà sous pression avec la remontée des prix des matériaux. Ces coûts supplémentaires ont entravé la capacité des acteurs du secteur à maintenir une rentabilité suffisante, entraînant ainsi une hausse des défaillances.
Le secteur du transport et de l’entreposage n’est pas en reste. Entre l’augmentation des coûts énergétiques et les nouvelles contraintes logistiques liées à la reprise post-COVID, les entreprises de ce domaine sont confrontées à une combinaison de défis économiques et pratiques qui fragilise leur existence. Une autre réalité surprenante est que les jeunes entreprises, celles ayant moins de trois ans d’existence, ne représentent que 18 % des défaillances. Les véritables victimes sont souvent les PME de taille intermédiaire, ayant plus de dix ans d’activité, qui peinent à faire face au remboursement des prêts garantis par l’État (PGE) devenus un fardeau insurmontable pour de nombreuses structures.
📉 Perspectives inquiétantes : Vers une continuation de la hausse des défaillances en 2025
Malheureusement, les signaux ne laissent entrevoir aucune amélioration à court terme. Selon les prévisions du groupe BPCE, le nombre de faillites pourrait encore augmenter en 2025, atteignant potentiellement 68.000 entreprises, un nouveau record. Cette dynamique alarmante est exacerbée par une instabilité économique et politique persistante, accompagnée d’un climat international morose. À l’échelle nationale, la reprise des procédures normales de recouvrement par l’Urssaf, après une période de tolérance, ajoute une pression supplémentaire sur les entreprises déjà fragilisées. Les commerces de proximité en particulier ressentent cette rigueur accrue et sont souvent les plus vulnérables à cette reprise des assignations.
Les conséquences de cette crise pourraient avoir des effets durables sur l’économie française, avec une perte continue d’emplois et un risque de contagion dans certains secteurs. Le climat économique difficile et l’incertitude grandissante rendent l’avenir de nombreuses entreprises incertain. Afin de soutenir les entreprises et d’atténuer cette crise, des réformes économiques et un accompagnement renforcé seront nécessaires pour éviter des conséquences encore plus graves sur l’emploi et la stabilité du tissu économique français. Selon les spécialistes, une baisse significative du nombre de défaillances ne serait pas attendue avant la fin de 2025, voire 2026.
À propos de l'auteur
Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français