Alors que le marché immobilier français connaît une légère dynamique de redressement, le secteur locatif traverse une crise profonde. Au moment où l’accessibilité à la propriété se complexifie et que l’offre locative se raréfie, l’équilibre semble de plus en plus fragile. La Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) alerte sur une situation préoccupante pour l’année à venir, soulignant les multiples causes de cette crise et la nécessité d’adopter des mesures concrètes pour stabiliser le marché locatif.
Une offre locative en forte diminution
Le marché locatif français se trouve dans une situation de déséquilibre marqué. Selon les données de SeLoger, l’offre de logements à louer a chuté de près d’un tiers au cours des trois dernières années, ce qui aggrave l’accès au logement pour de nombreux Français. Cette baisse est notamment due à la réduction des ventes sur le marché de l’immobilier ancien, un phénomène qui s’est largement amplifié en raison de la hausse des taux d’intérêt. Ces hausses ont affecté le pouvoir d’achat immobilier des ménages, les empêchant de se libérer de leur location pour acheter un bien, contribuant ainsi à l’asphyxie de l’offre locative.
Ce constat est d’autant plus inquiétant pour des segments spécifiques, comme les étudiants, qui se retrouvent dans des situations de précarité de plus en plus intenses. En effet, un sondage OpinionWay de 2023 montre que 17% des jeunes de 18 à 24 ans ont abandonné leurs études en raison de la difficulté à se loger. Cette réalité, qui s’est depuis aggravée, témoigne d’une crise profonde et d’une urgence à réagir pour sauvegarder l’équilibre du marché locatif.
Les plateformes de location à court terme : un facteur aggravant
L’explosion des plateformes de location à court terme, telles qu’Airbnb, représente également un facteur aggravant pour le marché locatif traditionnel. La France est devenue le premier marché européen en matière de location de courte durée, avec une augmentation des nuitées de +86% en cinq ans, selon Eurostat. Cette tendance détourne une partie importante de l’offre locative, poussant les propriétaires à privilégier des locations à court terme plus lucratives plutôt que des contrats à long terme.
Loïc Cantin, président de la Fnaim, souligne cette dynamique en critiquant le poids que les plateformes de location courte durée exercent sur l’offre de logements disponibles pour les locataires classiques. L’essor de ces plateformes a accentué la pénurie de logements sur le marché traditionnel, alors même que la demande pour des locations de longue durée continue de croître.
La politique du logement : des réformes nécessaires mais insuffisantes
Les solutions mises en place par les autorités publiques, bien que nombreuses, sont jugées insuffisantes pour endiguer cette crise. Le décret interdisant la location des « passoires thermiques » (logements classés G) en janvier 2024, bien qu’essentiel sur le plan environnemental, soulève des inquiétudes concernant les coûts de rénovation, jugés trop élevés pour de nombreux propriétaires. De même, l’augmentation des logements meublés dans le parc locatif est une source de mécontentement. Cette tendance est souvent perçue comme une échappatoire des propriétaires pour éviter les contraintes liées aux loyers libres en optant pour des avantages fiscaux liés aux locations meublées.
La Fnaim demande également un bilan des dispositifs d’encadrement des loyers mis en place dans certaines villes comme Paris ou Lille, estimant que leur efficacité reste à prouver. Le discours de politique générale du Premier ministre François Bayrou, qui a “effleuré la question du logement”, n’a “pas satisfait” les représentants du secteur. La Fnaim insiste sur la nécessité d’une approche plus ambitieuse et plus structurée pour soutenir le marché locatif et faciliter l’accès au logement pour tous.
