Le géant automobile européen, propriétaire de Peugeot, Citroën et Fiat, traverse une zone de turbulences financières majeures. En dévoilant une perte nette de 2,3 milliards d’euros au premier semestre 2025, Stellantis met en lumière l’impact économique croissant des tensions commerciales transatlantiques et des normes écologiques européennes. Focus sur une situation qui inquiète investisseurs et analystes.
📉 Des chiffres rouges sous l’effet des taxes américaines
L’annonce est tombée comme un coup de massue. Selon un communiqué officiel, Stellantis enregistre au 30 juin des ventes limitées à 1,4 million d’unités, en recul de 6 % par rapport à l’an dernier. Ce repli s’explique par deux facteurs majeurs : la hausse des droits de douane imposée par les États-Unis, mais aussi une période de transition industrielle en Europe, marquée par l’introduction de nouveaux modèles.
Mais c’est bien l’Amérique du Nord qui concentre l’essentiel des pertes : le groupe y affiche un effondrement de 25 % de ses ventes en un an, soit 109 000 véhicules en moins, conséquence directe des mesures protectionnistes renforcées par l’administration Trump. Stellantis chiffre déjà la facture à 300 millions d’euros, correspondant aux « premiers effets des nouveaux tarifs douaniers américains », selon le communiqué.
La suspension des objectifs 2025 du groupe en avril dernier, face à « des incertitudes commerciales majeures », révèle la gravité de la situation. En Europe, la chute est plus modérée mais bien réelle : 50 000 unités perdues sur le semestre, pour un recul de 6 %. Cette fois, ce sont les ajustements internes liés à la refonte de l’offre produit qui plombent les résultats.
⚙️ Charges et restructurations pèsent sur la rentabilité
La perte opérationnelle ne s’explique pas uniquement par le ralentissement des ventes. Le constructeur anticipe environ 3,3 milliards d’euros de charges exceptionnelles avant impôts au premier semestre, principalement dues à des annulations de programmes et aux dépréciations de plateformes industrielles, explique Stellantis.
S’ajoute le poids réglementaire : les exigences européennes en matière de réduction des émissions de CO₂ affectent la compétitivité et génèrent des surcoûts importants, forçant le groupe à repenser ses chaînes de production et ses choix industriels.
Côté gouvernance, le climat reste tendu. Le départ en décembre dernier de Carlos Tavares, PDG historique du groupe, illustre ces tensions internes. Celui qui a quitté son poste un an avant la fin prévue de son mandat évoquait des « divergences stratégiques profondes » avec les actionnaires, aggravées par des résultats jugés insuffisants. Il a été remplacé par Antonio Filosa, qui hérite d’un dossier épineux.
👁️ L’œil de l’expert : défi industriel et commercial majeur
Pour les spécialistes du secteur, la situation de Stellantis est le symbole d’une industrie automobile européenne à la croisée des chemins. Le choc des politiques commerciales américaines, combiné aux contraintes écologiques européennes, place les constructeurs face à un double front complexe à gérer.
La facture des tensions douanières est désormais tangible, et Stellantis est loin d’être le seul concerné
analyse Marc Delattre, économiste spécialiste de l’industrie automobile. Selon lui, l’enjeu principal réside dans la capacité du groupe à réorganiser sa production mondiale sans sacrifier sa rentabilité.
En clair : entre arbitrages industriels, relocalisations forcées et investissements écologiques massifs, Stellantis va devoir manœuvrer habilement pour sortir de cette spirale financière préoccupante.