Alors que les frappes américaines ont ciblé l’Iran, les investisseurs réagissent avec nervosité : les prix du brut flambent sur fond d’escalade géopolitique. Depuis la nuit du 22 au 2025-__juin__-23, les marchés pétroliers ont connu un sursaut brutal. En cause : une série de frappes américaines sur des sites nucléaires iraniens, immédiatement suivies de menaces de représailles de la part de Téhéran. L’incertitude géopolitique s’est aussitôt traduite par une envolée des cours du brut, alimentant les craintes d’une perturbation majeure de l’approvisionnement mondial, notamment via le stratégique détroit d’Ormuz. Décryptage d’une flambée des prix qui pourrait bouleverser les équilibres économiques globaux.
Le détroit d’Ormuz : un verrou sous tension
Situé entre l’Iran et le sultanat d’Oman, le détroit d’Ormuz est un véritable goulot d’étranglement de l’économie mondiale. Chaque jour, près d’un tiers du pétrole transporté par voie maritime y transite. La moindre menace sur sa sécurité entraîne quasi mécaniquement une réaction immédiate des marchés.
Selon Jean-François Brou, analyste géopolitique :
le détroit d’Ormuz est la carotide énergétique de la planète. Lorsqu’il est menacé, c’est tout le système énergétique mondial qui s’affole.
Cette réalité s’est vérifiée une nouvelle fois dans la nuit de dimanche à lundi : les cours du Brent ont brièvement dépassé les 81 dollars, atteignant leur plus haut niveau depuis janvier 2025.
Réaction en chaîne : les cours du brut s’envolent
Dès l’ouverture des marchés asiatiques, les réactions ont été vives. Le baril de Brent, référence mondiale, a bondi de plus de 4 %, avant de se stabiliser autour de 78,91 dollars, en hausse de +2,47 %. De son côté, le WTI américain a atteint un pic à 78 dollars, pour redescendre légèrement à 75,73 dollars (+2,56 %).
Ce mouvement de panique révèle une fébrilité croissante des marchés face aux tensions au Moyen-Orient. Pour Sophie Legendre, stratégiste matières premières, cette flambée « reflète moins une réaction à la demande actuelle qu’une inquiétude profonde sur la stabilité future de l’offre ».
L’effet domino sur l’économie mondiale
La hausse du prix du pétrole ne reste jamais cantonnée aux seuls cercles boursiers. Elle se propage à toute l’économie réelle : hausse des prix à la pompe, inflation sur les biens transportés, tensions sur les marges des entreprises, et inévitablement, impact sur les politiques monétaires.
Si la situation devait s’envenimer davantage, les banques centrales pourraient être contraintes de revoir leurs prévisions d’inflation et de croissance.
Nous entrons dans une zone de turbulence macroéconomique
ne manque pas d’avertir Marc Delmas, économiste chez Capitalis, qui évoque une possible remontée des taux d’intérêt si la hausse des prix du brut persiste.
️ Un marché déjà sous pression
Cette poussée des cours intervient dans un contexte énergétique déjà instable :
- tensions sur la production en Libye
- réductions volontaires de l’offre par l’OPEP+
- ralentissement de la croissance chinoise…
Autant de facteurs qui fragilisent les équilibres déjà précaires. Les stocks mondiaux sont relativement faibles, et les marges de manœuvre des pays importateurs comme les membres de l’Union européenne sont réduites. Difficile donc, dans ce contexte, de compenser rapidement une éventuelle rupture d’approvisionnement.
L’œil de l’expert : nouvelle volatilité énergétique ?
À court terme, l’évolution des prix du pétrole dépendra étroitement des décisions politiques et militaires qui suivront. Une désescalade rapide pourrait apaiser les marchés, mais un engrenage conflictuel transformerait cette crise géopolitique en crise économique majeure.
Cette flambée, bien que ponctuelle, révèle surtout à quel point l’économie mondiale reste vulnérable à des chocs exogènes. Malgré les efforts de transition énergétique, la dépendance au pétrole demeure un talon d’Achille. Une réalité que les marchés, tout comme les gouvernements, ne peuvent plus ignorer.
