Tesla entre dans une période de fortes turbulences. Alors que le constructeur américain fait face à une chute brutale de ses ventes et à un recul significatif de son chiffre d’affaires, Elon Musk a alerté ses actionnaires sur une succession de trimestres difficiles d’ici fin 2026. Entre l’arrêt progressif des subventions publiques aux États-Unis, l’envolée des coûts et une concurrence redoutable, le géant de l’électrique cherche à préserver sa trajectoire de croissance. Mais c’est du côté de l’intelligence artificielle et de la conduite autonome que se joue désormais son avenir économique.
📉 Des fondamentaux fragilisés
Le constat est sans appel : les résultats financiers de Tesla sont en repli marqué. Selon les chiffres publiés, les livraisons de véhicules ont chuté de 13,5 % au deuxième trimestre 2025, dans la continuité d’un premier semestre déjà mal orienté. Le chiffre d’affaires annuel recule de 12 %, à 22,5 milliards de dollars, tandis que le bénéfice net plonge de 16 %, à 1,17 milliard de dollars.
Dans une audioconférence, Elon Musk a reconnu « une phase de transition délicate« . Comme le souligne Le Figaro, le patron de Tesla pointe une double peine :
- la fin prochaine du crédit d’impôt de 7 500 dollars pour les véhicules électriques, prévue pour le 30 septembre aux États-Unis,
- et les lourdeurs liées au lancement à grande échelle de la conduite autonome.
Cette combinaison crée « un vide de croissance qui pourrait durer jusqu’à la mi-2026« , prévient-il.
À cela s’ajoutent des facteurs structurels préoccupants : manque de nouveautés dans la gamme, ralentissement global de la demande pour les véhicules électriques, et montée en puissance de concurrents, notamment chinois. Sans oublier le facteur Musk lui-même : de plus en plus clivant politiquement, son image entame la réputation de l’entreprise.
Enfin, les mesures protectionnistes de l’administration américaine viennent alourdir l’équation. Le directeur financier de Tesla, Vaibhav Taneja, évalue à 300 millions de dollars le coût des droits de douane déjà subis, précisant que « l’impact réel sur les comptes n’apparaîtra pleinement que dans les trimestres à venir », en raison du délai entre production et vente.
🤖 Autonomie et IA : le pari stratégique
Face à ce contexte tendu, Tesla active sa carte maîtresse : la conduite autonome. La firme californienne a lancé en juin des tests de robots-taxis à Austin (Texas), avec l’ambition de déployer ce service à San Francisco, puis dans d’autres États. Elon Musk se montre confiant :
Si les autorités nous donnent leur feu vert, nous pourrions couvrir la moitié du territoire américain d’ici fin 2025
a-t-il affirmé lors de la conférence.
Ce virage vers l’intelligence artificielle appliquée à la mobilité pourrait être décisif. Les analystes de Wedbush estiment que la seule activité liée à l’autonomie pourrait peser jusqu’à 1 000 milliards de dollars dans la valorisation future de Tesla, soit bien plus que son activité actuelle de constructeur automobile.
Autre levier activé : la production d’un modèle plus accessible. Les premiers exemplaires d’un véhicule à bas coût sont déjà en cours d’assemblage, avec une montée en puissance industrielle attendue pour le second semestre 2026. Objectif : récupérer une clientèle plus large, à un moment où les subventions gouvernementales se tarissent.
👁️ L’œil de l’expert
Tesla traverse une zone de fortes turbulences, mais dispose encore de ses moteurs de long terme
estime un analyste du cabinet Bernstein. Si la chute des résultats à court terme inquiète, le potentiel disruptif de la conduite autonome et le recentrage sur un modèle économique plus scalable laissent entrevoir une relance à l’horizon 2026, à condition de surmonter les défis réglementaires et géopolitiques.
À l’heure donc où le secteur automobile subit une recomposition mondiale, Tesla joue une partie double : survivre aux vents contraires immédiats tout en plaçant ses pions pour dominer le marché de demain. Le pari est risqué… mais potentiellement historique.