C’est sans doute le trophée le plus iconique du football mondial. Objet de toutes les convoitises, la coupe de la Ligue des champions incarne bien plus qu’une simple récompense sportive : elle symbolise la gloire éternelle du football européen. Pourtant, derrière ses courbes célèbres et son surnom évocateur, se cache une histoire méconnue, forgée par des artisans passionnés et marquée par des anecdotes savoureuses. Décryptage d’un monument du sport. ⚽
Trophée Ligue des Champions : des mains d’orfèvres suisses
Si la Ligue des champions est aujourd’hui un spectacle planétaire, son trophée, lui, a vu le jour dans un contexte bien plus discret. Après que le Real Madrid s’est vu attribuer le trophée original en 1966 pour avoir remporté six éditions en onze ans, l’UEFA a dû faire appel à un nouvel artisan pour en concevoir un second. C’est ainsi que Jörg Stadelmann, joaillier de Berne, fut sollicité par Hans Bangerter, alors secrétaire général de l’UEFA.
Avec mon père Hans, nous avons recouvert le sol du bureau de M. Bangerter avec nos croquis. Il nous expliquait les goûts des Espagnols, des Italiens, des Allemands… Nous avons composé le dessin comme un puzzle
raconte Jörg Stadelmann dans un entretien à la Berner Zeitung.
Le cahier des charges était aussi précis qu’original : deux anses imposantes pour que les joueurs puissent la soulever aisément… et un volume intérieur capable de contenir « trois ou quatre bouteilles de champagne« . Il aura fallu 340 heures de travail pour forger ce nouveau symbole, gravé avec soin par Fred Bänninger.
Quelle est la valeur monétaire ? bien modeste face à son prestige
Malgré son aura planétaire, la coupe ne vaut pas une fortune en termes strictement financiers. L’œuvre fut commandée en 1967 pour 10 000 francs suisses, soit l’équivalent de 6 500 euros aujourd’hui. Un paradoxe, tant ce trophée représente l’apogée de la réussite pour tout footballeur.
La version actuelle mesure 74 centimètres de haut et pèse environ 7,5 kilos, des dimensions pensées pour impressionner, mais aussi pour répondre aux exigences protocolaires des cérémonies d’après-match. Le premier club à avoir soulevé cette version modernisée fut le Celtic Glasgow, vainqueur de l’Inter Milan en finale le 1967-__mai__-25.
Une origine française et une évolution européenne
L’idée d’une compétition entre les meilleurs clubs du continent est née au début des années 1950, dans les colonnes du journal L’Équipe. C’est ce même quotidien français qui a fourni à l’UEFA le tout premier trophée pour ce qui s’appelait alors la Coupe d’Europe des clubs champions, lancée en 1955. Ce trophée initial, aujourd’hui propriété du Real Madrid, marque la naissance d’un mythe.
Depuis, si l’apparence du trophée a peu évolué, sa symbolique n’a cessé de croître. Surnommé « Big Ears » outre-Manche ou « La Orejona » en Espagne, il est devenu un objet de fantasme collectif, évoquant autant la grandeur que la difficulté extrême d’y accéder.
️ L’œil de l’expert : un objet sacré dans un football devenu business
Dans une époque marquée par la surmédiatisation du sport et la professionnalisation extrême des compétitions, ce trophée reste un ancrage émotionnel fort. Sa faible valeur marchande contraste puissamment avec la valeur symbolique inestimable qu’il représente aux yeux des clubs, des joueurs et des fans.
Le fait que sa conception ait été dictée par une diversité culturelle européenne — des préférences « bulgares, espagnoles, italiennes, allemandes » comme le rapporte Jörg Stadelmann — souligne combien cette coupe est un objet profondément européen dans son ADN, à l’image du tournoi qu’elle couronne. ️
