Après deux mois sous la présidence de Donald Trump, l’économie américaine se trouve à un carrefour incertain. Si certaines décisions politiques, comme l’augmentation des droits de douane, ont été présentées comme des mesures phares, leurs conséquences se font rapidement sentir, en particulier pour les consommateurs et les entreprises. Derrière les annonces triomphantes de la Maison Blanche, les défis économiques se multiplient, rendant la trajectoire de croissance de plus en plus floue.
Une facture salée pour les consommateurs
L’une des premières répercussions visibles des politiques économiques de Trump est la hausse des prix pour les consommateurs américains. La mise en place de droits de douane élevés, notamment à l’encontre des importations chinoises et des métaux industriels, a augmenté les coûts sur près de 1 400 milliards de dollars d’importations. Selon la Tax Foundation, les tarifs douaniers ont directement impacté les prix finaux, sans que les entreprises ne parviennent à absorber les surcoûts. Ce sont principalement les ménages les plus modestes (et souvent des électeurs de Donald Trump), souvent consommateurs de biens courants, qui en subissent les conséquences les plus importantes. L’étude du Cépii confirme que les prix des biens de consommation sont en hausse, ce qui a provoqué une chute de 11 % de la confiance des consommateurs en mars 2025, le plus bas niveau depuis 2022. Un sentiment négatif particulièrement marqué chez les électeurs démocrates (-24 %) et les républicains (-10 %). De plus, les travailleurs non qualifiés pourraient voir leur pouvoir d’achat se réduire, avec une baisse des salaires réels de 0,9 %.
Une politique économique en décalage avec la réalité
Malgré la mise en avant de certaines réussites par la Maison Blanche, telles que la création de 5 000 emplois chez GE Aerospace ou l’investissement d’Asahi Group au Wisconsin, les perspectives économiques de l’administration Trump sont loin d’être aussi optimistes. L’OCDE a révisé ses prévisions de croissance à la baisse, s’attendant à une croissance de seulement 2,2 % en 2025, contre 2,4 % prévus initialement. Cette correction prend en compte les effets délétères du protectionnisme, qui freine l’activité économique et la compétitivité des entreprises américaines. La Tax Foundation prévient même que si l’ensemble des mesures tarifaires sont appliquées, les pertes d’emplois pourraient atteindre 600 000 postes, soit un impact quatre fois plus important que durant le premier mandat de Trump. Ce constat est en nette contradiction avec la rhétorique de la Maison Blanche qui mise sur une relance économique forte et rapide.
⚖️ L’impossible équilibre du protectionnisme
Donald Trump a fait du protectionnisme une de ses priorités économiques, cherchant à protéger l’industrie nationale tout en soutenant le pouvoir d’achat des Américains. Cependant, cette stratégie présente des contradictions profondes, notamment en ce qui concerne les chaînes d’approvisionnement mondiales. L’exemple du secteur automobile, qui repose sur des usines au Mexique pour l’assemblage de véhicules, illustre ces tensions. Les perturbations liées aux nouvelles restrictions commerciales ralentissent la production, et la réorganisation des flux hérités de l’ALENA pourrait prendre des années. Selon le Cépii, ces tensions entraîneront une déstabilisation des secteurs clés et mettront à mal la compétitivité de l’économie américaine à long terme. Sur les marchés financiers, si certains investisseurs saluent les réductions d’impôts et la dérégulation, l’inflation et les tensions commerciales alimentent l’incertitude, rendant les indices boursiers particulièrement volatils.
L’œil de l’expert : un cap difficile à tenir
En seulement deux mois, la politique économique de Donald Trump a déjà produit des effets visibles : une hausse des prix, une confiance des consommateurs en déclin et des révisions pessimistes des prévisions économiques. Si certains succès ponctuels peuvent être “grossièrement” mis en avant, la dynamique économique générale apparaît plus incertaine. La question centrale reste la soutenabilité de son modèle protectionniste. À court terme, il semble que cette politique pourrait affaiblir la consommation intérieure, moteur clé de la croissance américaine, et entraîner des répercussions sur l’emploi et la compétitivité des entreprises. Donald Trump semble ainsi jouer une partie risquée dont l’issue reste incertaine.
