Un redressement démographique qui redonne espoir. Après plusieurs années d’alerte sur la désertion des vocations, la pharmacie française connaît enfin un renouveau. Selon Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens, le nombre de professionnels a franchi un cap historique en 2024, atteignant plus de 75 000 inscrits, un record depuis une décennie. Si la situation semblait critique il y a encore trois ans, l’arrivée massive de nouveaux diplômés redonne de la vigueur à la profession. Reste un défi de taille : rééquilibrer la répartition des effectifs sur le territoire.
⚕️ Un afflux inédit de nouveaux pharmaciens
Le secteur a bénéficié en 2024 d’un afflux exceptionnel de 3 000 nouveaux inscrits, soit une progression de plus de 15 % par rapport à 2014. Cette dynamique contribue à une hausse globale de 1,2 % des effectifs en un an, selon les données dévoilées ce 5 juin par l’Ordre des pharmaciens. Sur dix ans, la croissance atteint 2,7 %.
Fait notable : près d’un pharmacien nouvellement inscrit sur dix a été formé à l’étranger, essentiellement en Europe. Parmi ces recrues, un peu plus de 40 % sont de nationalité française, témoignant d’un retour d’intérêt croissant pour la filière, y compris parmi les étudiants expatriés.
Un basculement d’autant plus significatif que la profession comptait moins de 74 000 membres il y a trois ans, un niveau historiquement bas qui inquiétait alors tout un secteur. En 2021, plus de 1 100 places en deuxième année de pharmacie étaient restées vacantes, un symptôme criant du manque d’attractivité du métier.
Une attractivité relancée, mais un déséquilibre persistant
Si la tendance nationale est à la reprise, des disparités régionales restent préoccupantes. Certains départements peinent encore à attirer et fidéliser des pharmaciens, notamment en zones rurales, où les besoins sont pourtant criants. Le problème n’est plus tant le volume global de pharmaciens, mais leur mauvaise répartition géographique.
Face à ces défis, l’Ordre a renforcé ses actions pour revaloriser l’image et la diversité des débouchés du métier. Officine, hôpital, industrie pharmaceutique, distribution en gros, biologie médicale : autant de voies souvent méconnues qui offrent pourtant des perspectives de carrière riches et variées.
Pour Carine Wolf-Thal, « la profession est clairement sortie de la zone rouge », mais la vigilance reste de mise. Il faudra encore convaincre les futurs professionnels de s’installer là où les besoins sont les plus criants, et assurer un maillage sanitaire cohérent à l’échelle du pays.
️ L’œil de l’expert : attractivité retrouvée
La pharmacie française vit une renaissance prometteuse, mais cette embellie doit maintenant se transformer en équilibre durable. Ce retour en grâce repose en partie sur les efforts menés pour revaloriser le métier, et l’ouverture croissante à des profils formés à l’étranger. Toutefois, le vrai défi reste territorial : renforcer la présence de pharmaciens dans les zones sous-dotées, sans quoi cette progression nationale pourrait rester partiellement théorique. Le métier a retrouvé son attractivité, à condition d’en garantir l’accessibilité partout.