Le patron de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Selon lui, les États-Unis s’acheminent vers une déflagration obligataire aux conséquences imprévisibles. Entre explosion du déficit public, hausse des taux d’intérêt et perte de confiance dans le dollar, les signaux d’alerte s’accumulent. L’économie américaine danse sur un fil.
Un marché obligataire sous pression : la dette américaine au bord du précipice
Dans une déclaration diffusée sur Fox Business, Jamie Dimon n’a pas mâché ses mots :
C’est un vrai problème. Je ne sais pas si cela arrivera dans six mois ou dans six ans, mais le marché de la dette va craquer.
Selon le dirigeant de la plus grande banque américaine, l’accumulation sans précédent de dettes fédérales pourrait déclencher une flambée des taux d’intérêt, alimentée par une défiance croissante des investisseurs. Ces derniers, avertit-il, ne se contenteront plus d’acheter les bons du Trésor les yeux fermés.
Ils vont scruter de près l’État de droit, l’inflation, la politique de la Fed. Et s’ils estiment que le dollar ne fait plus office de valeur refuge, alors emprunter coûtera bien plus cher.
Un scénario qui inquiète au plus haut point les milieux financiers. Historiquement, les États-Unis ont toujours pu compter sur une demande stable et massive de leur dette souveraine, à des conditions très favorables. Mais la spirale actuelle – entre déficits creusés et incertitudes géopolitiques – commence à fissurer cette confiance. L’abaissement de la note souveraine américaine par l’agence Moody’s, passée de AAA à AA1, a marqué un tournant symbolique. Le doute s’installe. Et avec lui, une volatilité accrue sur les marchés, notamment alimentée par les revirements budgétaires et fiscaux de la Maison Blanche.
Tensions politiques, crédibilité monétaire et réponse mitigée du Trésor
La situation est d’autant plus préoccupante que les annonces gouvernementales manquent de clarté et alimentent le flou. Le projet de prolongation des crédits d’impôt de l’ère Trump, combiné à un budget fédéral déjà sous tension, laisse craindre un dérapage durable des finances publiques.
De nombreux parlementaires conservateurs haussent le ton : le déficit fédéral devient, pour eux, un point de rupture politique. Une inquiétude partagée jusqu’au sommet du Trésor américain.
Interrogé sur CBS, le secrétaire d’État Scott Bessent a tenté de tempérer les propos alarmistes de Jamie Dimon :
Je connais Jamie depuis longtemps. Il a souvent annoncé des catastrophes. Heureusement, elles ne se sont pas toujours matérialisées.
Mais dans le même souffle, il admet :
Oui, le niveau de la dette est préoccupant. Le déficit sera plus faible cette année qu’en 2024, et continuera de diminuer progressivement.
Un discours de prudence teinté d’optimisme, mais qui peine à convaincre une partie des économistes. La dynamique actuelle reste celle d’une dette croissante, adossée à une économie dépendante des taux bas et d’un dollar fort. Toute inflexion pourrait déstabiliser l’ensemble du système.
️ L’œil de l’expert : entre réalités économiques et politique du pansement
Les alertes de Jamie Dimon, bien que parfois jugées excessives, reflètent une préoccupation réelle du secteur financier : les États-Unis ne peuvent éternellement repousser l’ajustement budgétaire. Le niveau actuel de la dette dépasse les 34 000 milliards de dollars, et continue de croître.
Ce que révèle surtout cette séquence, c’est la fragilité de la confiance qui fonde la domination économique américaine. Un effritement progressif de cette confiance — qu’il s’agisse de la note souveraine, de la stabilité du dollar ou de la crédibilité politique — pourrait suffire à provoquer une onde de choc mondiale. Pour l’heure, les marchés restent calmes. Mais comme l’a suggéré Dimon, la tempête pourrait être lente à venir… avant d’éclater soudainement.
