Alors que les négociations commerciales patinent entre Bruxelles et Washington, l’Union européenne brandit désormais la menace d’une riposte économique d’ampleur. L’industrie automobile, l’aéronautique ou encore l’agroalimentaire européens sont directement visés par les menaces de taxes américaines. Décryptage d’une confrontation transatlantique aux conséquences majeures.
🚧 Un dialogue bloqué : l’Europe prise en étau
Depuis l’annonce de Donald Trump, la pression est maximale. Le président américain entend imposer, dès le 1er août, des droits de douane de 30 % sur toutes les exportations européennes. Initialement, Bruxelles espérait limiter la casse avec un accord à 10 %, mais selon le Wall Street Journal, la dernière hypothèse évoque désormais une taxe supérieure à 15 %, avec des exemptions marginales.
L’Allemagne, longtemps partisane du compromis, durcit le ton. Lars Klingbeil, ministre allemand des Finances, a affirmé lors d’une conférence conjointe avec Éric Lombard :
Nous ne ferons pas tout ce qu’on nous demande.
Un responsable allemand a même prévenu, dans les colonnes du WSJ :
S’ils veulent la guerre, ils l’auront.
Ce raidissement allemand s’explique : alors que les exportations vers la Chine déclinent, les industriels allemands dépendent de plus en plus des États-Unis, premier client de l’économie allemande. En 2024, l’excédent commercial avec les USA a atteint 71,4 milliards d’euros. Une dépendance que Donald Trump exploite, exigeant des concessions drastiques, voire une relocalisation des usines européennes sur le sol américain.
🛡️ Riposte graduée : l’arsenal économique de l’UE
Face à cette pression américaine, l’Union européenne prépare la contre-attaque. Un premier plan, déjà validé, prévoit des barrières douanières sur 21 milliards d’euros de produits américains, du soja à la volaille. Mais Bruxelles garde cette mesure en suspens jusqu’à la fin des discussions, prévue début août.
En parallèle, un second plan d’une ampleur plus conséquente – 72 milliards d’euros – est prêt. Ce dernier ciblerait les industries stratégiques américaines comme l’aéronautique, en particulier Boeing.
Selon les calculs de la Commission, les taxes envisagées par Washington pourraient affecter 380 milliards d’euros de biens européens. En réponse, Paris pousse à activer l’Instrument Anti-Coercition (ACI), un outil juridique créé en 2024 pour protéger l’économie européenne. Celui-ci permettrait d’interdire l’accès aux marchés publics européens ou de bloquer certains investissements stratégiques américains.
Ce serait un signal de fermeté.
estime un diplomate européen, insistant sur la nécessité d’une unité face à la stratégie protectionniste américaine. Une réunion des ministres européens doit d’ailleurs formaliser ces ripostes potentielles dans les jours à venir.
👁 L’œil de l’expert
Le bras de fer commercial entre les États-Unis et l’Union européenne illustre la montée des tensions protectionnistes mondiales. Derrière les taxes, c’est la souveraineté industrielle et financière de l’Europe qui est en jeu. Face à un Donald Trump imprévisible, Bruxelles n’a d’autre choix que de consolider ses lignes de défense économique.
Le recours à l’Instrument Anti-Coercition marquerait un tournant : il transformerait la riposte européenne en une véritable guerre commerciale réglementaire. Pour l’Union européenne, l’enjeu est de préserver son intégrité économique sans perdre l’accès à son premier marché extérieur.