Alors que l’inflation globale reste figée à 2,7 % en juillet, les signaux économiques sous-jacents aux États-Unis montrent une tendance plus préoccupante. Derrière cette apparente accalmie, la flambée de l’inflation « cœur » et l’impact potentiel des surtaxes douanières décidées par Donald Trump pourraient rebattre les cartes monétaires et financières dans les mois à venir.
📊 L’inflation qui masque des tensions profondes
En apparence, l’économie américaine marque une pause. L’indice des prix à la consommation (CPI) a progressé au même rythme qu’en juin : +2,7 % sur un an, selon les derniers chiffres, un niveau légèrement inférieur aux attentes des analystes. Cette stabilité est principalement due à la chute marquée des prix du pétrole (-9,5 % sur un an).
Mais derrière cette façade, l’inflation sous-jacente, excluant l’énergie et l’alimentation, poursuit sa hausse. Elle atteint 3,1 % sur un an en juillet, contre 2,9 % en juin, franchissant de plus d’un point l’objectif de 2 % fixé par la Réserve fédérale.
L’économiste Jerome Powell, président de la Fed, rappelait fin juin :
Il n’y a pas vraiment de précédent moderne
pour mesurer l’impact de surtaxes douanières aussi élevées — désormais à plus de 18 %, un record depuis les années 1930. Les conséquences sont difficiles à anticiper : si certains exportateurs étrangers consentent des baisses de prix pour rester compétitifs, les importateurs américains sont souvent contraints de réduire leurs marges ou de répercuter la hausse sur les consommateurs.
Goldman Sachs estime que, si jusqu’ici les entreprises américaines ont largement absorbé ces surcoûts, les ménages pourraient à terme en supporter près de 67 %. Un scénario qui, s’il se confirme, pourrait raviver les tensions inflationnistes dans les prochains mois.
📉 Prochaine baisse des taux directeurs ?
Sur les marchés financiers, la stabilité de l’inflation a temporairement rassuré les investisseurs. Les opérateurs tablent toujours sur une probabilité de 80 % d’une baisse des taux directeurs en septembre, une anticipation déjà nourrie par les statistiques moroses de l’emploi.
Donald Trump, de son côté, ne cache pas son impatience. Sur Truth Social, il a lancé une nouvelle salve contre Jerome Powell :
Jérôme « Trop tard » Powell doit MAINTENANT baisser les taux.
Mais la Fed, qui se veut indépendante, attendra sa réunion officielle pour trancher.
Les regards se tournent désormais vers le colloque annuel de Jackson Hole (Wyoming), prévu du 21 au 23 août, où Powell pourrait livrer des indices sur la trajectoire monétaire. Entre pressions politiques, tensions commerciales et signaux économiques contradictoires, la banque centrale devra arbitrer entre soutien à la croissance et maîtrise de l’inflation.
👁 L’œil de l’expert
La situation américaine illustre une zone grise macroéconomique : une inflation globale qui se stabilise mais une inflation sous-jacente qui continue de grimper, alimentée par des tensions commerciales inédites. Si la Fed baisse ses taux trop tôt, elle risque de relancer l’inflation ; si elle attend trop, elle pourrait accentuer le ralentissement économique.
Dans ce contexte, la visibilité est faible et le véritable test viendra de l’automne, lorsque l’effet des surtaxes se fera pleinement sentir.