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Photo de l'outsider du tennis féminin français, Loïs Boisson avec son public
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D'une cagnotte au pactole : l'ascension de Loïs Boisson, outsider du tennis français

Une métamorphose express… et rentable. En quelques mois, Loïs Boisson est passée de l’anonymat le plus total à la lumière des projecteurs de Roland-Garros. En janvier 2025, cette jeune joueuse française de 21 ans, classée autour de la 500e place mondiale, n’avait que 100 euros en poche, récoltés grâce à une modeste cagnotte en ligne. Objectif initial : 20 000 euros pour financer sa saison. Mais àquelques heures d'une demi-finale contre la redoutable Coco Gauff, c’est un tout autre chiffre qui la propulse dans une nouvelle dimension : près de 700 000 euros de gains minimum garantis. Une trajectoire éclair qui illustre la précarité persistante du tennis féminin… et la brutalité d’un système qui ne récompense que les exploits.

💸 Une cagnotte ignorée… pour une héroïne ignorée

Début 2025, après une blessure au genou ayant interrompu net son ascension, Loïs Boisson tente un retour sur les courts. Elle crée un appel aux dons sur la plateforme Soutiens ton Sportif, espérant financer ses frais de déplacement, d’équipement et d’entraînement. Sur la page, encore visible aujourd’hui, on peut lire :

Mon objectif est de participer aux 4 Grands Chelems. Pour cela, votre soutien est crucial

 écrit la joueuse dans une démarche empreinte d’espoir. Mais l’élan de solidarité tarde à venir. Seuls trois contributeurs répondent à l’appel. Parmi eux, Jean-Michel, auteur d’un don de 50 euros, qui confie :

 Votre résilience après votre blessure est admirable… Je crois en votre progression. 

Résultat : 100 euros récoltés en tout avant le début de Roland-Garros. Un montant dérisoire, qui témoigne d’une certaine indifférence pour les sportives en marge du top 100 mondial. Même avec l’effet médiatique de la quinzaine parisienne, le compteur n’explose pas : 430 euros à l’heure actuelle. Loin, très loin des 20 000 euros souhaités.

🏆 Une demi-finale à Roland et une pluie d’euros

Si le public n’a pas répondu à son appel, Roland-Garros, lui, a récompensé le talent et la ténacité de Boisson. Grâce à ses sept matchs disputés Porte d’Auteuil, la Dijonnaise est assurée d’un minimum de 698 750 euros :

  • 8 750 € pour sa participation au double,
  • 690 000 € garantis pour sa place en demi-finale du simple.

Et l’aventure pourrait ne pas s’arrêter là. Une victoire face à Coco Gauff la propulserait en finale, doublant presque la mise (1 275 000 €). Un sacre la ferait entrer dans un autre monde avec 2 550 000 € de gains. Un jackpot auquel s’ajoutent les revenus de sponsoring, comme le mentionne L’Équipe, notamment liés aux patchs publicitaires portés pendant la quinzaine. De quoi franchir largement le cap des 800 000 euros, même en cas de défaite.

Pour une joueuse qui, quelques mois auparavant, se battait pour financer un billet d’avion ou une séance de kiné, la différence est vertigineuse. Ce bond spectaculaire souligne aussi l’absence de filet de sécurité pour les athlètes en dehors des sommets du classement, où la carrière peut basculer du tout au rien en un match.

👁 L’œil de l’expert : un système impitoyable

La trajectoire de Loïs Boisson est à la fois admirable et révélatrice. Elle incarne la face cachée du tennis professionnel, où seule l’élite accède à une rémunération décente. Le cas Boisson, aussi exceptionnel soit-il, met en lumière l’iniquité d’un modèle économique qui néglige les joueuses en reconstruction. Son parcours devrait interpeller les institutions sportives : faut-il vraiment attendre un exploit pour garantir un minimum de sécurité financière aux athlètes ?

Au-delà du conte de fées sportif, la réussite de Loïs Boisson est un plaidoyer involontaire pour une refonte du financement du tennis féminin, encore trop dépendant de la performance immédiate et des projecteurs médiatiques.

À propos de l'auteur

Spécialiste SEO et Data Analyst, Antoine Spaeter apporte à CréditNews son expertise en analyse de données et en acquisition de trafic. Avec plus de 15 années d'expérience en entrepreneuriat et en gestion de projets techniques, il s'est spécialisé dans l'interprétation des chiffres. Rigoureux et curieux, Antoine contribue également à la stratégie éditoriale de CréditNews, garantissant une approche précise et pédagogique des contenus proposés.