"Imbécile!" : quand la politique insulte publiquement la banque centrale américaine
L’hostilité du président américain envers la Réserve fédérale atteint un nouveau sommet. Ce jeudi 8 mai, Donald Trump a violemment attaqué Jerome Powell, président de la Fed, après que l’institution monétaire a décidé de maintenir inchangés ses taux directeurs. Un nouvel épisode dans un bras de fer aussi politique qu’économique, aux implications profondes sur la stabilité des marchés.
🌩 Taux gelés, tensions ravivées : la Fed face à l’orage présidentiel
La décision, prise à l’unanimité par la Réserve fédérale, de conserver ses taux d’intérêt à leur niveau actuel a provoqué une réaction incendiaire du chef de l’État. Sur Truth Social, Donald Trump a qualifié Jerome Powell d’« imbécile qui n’a pas la moindre idée », reprenant les termes qu’il avait déjà employés en avril, lorsqu’il l'avait traité d'« immense loser ». Une virulence qui dépasse la simple critique économique pour s’inscrire dans une logique de confrontation politique.
Mais derrière les mots, le fond du désaccord est stratégique. En refusant d’abaisser les taux, la Fed cherche à conserver une marge de manœuvre dans un contexte particulièrement incertain. Comme l’a expliqué Jerome Powell lors de sa conférence de presse :
Il y a tellement d’inconnues concernant l’effet des nouveaux droits de douane que nous préférons attendre avant d’agir.
Cette prudence monétaire s’oppose frontalement à la ligne présidentielle. Trump, en initiant une nouvelle vague de taxes sur les importations, a déstabilisé les équilibres économiques mondiaux, avant de rétro-pédaler face à l’ampleur des perturbations. Malgré ses propos rassurants – « Il n’y a pratiquement pas d’inflation, l’argent des droits de douane entre aux États-Unis », a-t-il affirmé jeudi – les marchés restent nerveux.
Le président espère une baisse des taux pour compenser les effets de sa propre politique commerciale, notamment sur la consommation intérieure et les investissements. Mais la Fed, soucieuse d'éviter un emballement inflationniste, reste inflexible:
Nous nous basons uniquement sur les données économiques et la balance des risques. Les déclarations présidentielles n’affectent pas notre travail.
a insisté Jerome Powell
👁 L’œil de l’expert : indépendance monétaire en péril ?
Ce nouvel affrontement met en lumière un enjeu fondamental : l’indépendance de la banque centrale dans un contexte de pressions politiques croissantes. Le rôle de la Fed est de piloter la politique monétaire avec rigueur, hors de toute influence partisane. En ciblant personnellement son président, Donald Trump s’attaque à cette autonomie institutionnelle, brouillant les signaux adressés aux marchés financiers.
Si la Fed cède à la pression politique, elle risque de compromettre sa crédibilité. À l’inverse, une posture trop rigide pourrait aggraver les tensions économiques, notamment si les droits de douane provoquent un ralentissement durable. Entre équilibre macroéconomique et gestion du risque politique, la banque centrale américaine joue une partition à haut risque.
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