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Droits de douane: 39% ou comment opter pour la simplification au détriment de la précision

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Dans le cadre de sa politique protectionniste, Donald Trump a annoncé une taxe générale sur tous les produits importés aux États-Unis, une mesure qui touche de nombreux pays, y compris l’Union européenne. La surtaxe imposée aux produits en provenance de l’UE s’élève à 20%, un taux qu’il qualifie de « gentil » au regard des tarifs européens jugés trop élevés par son administration. Cependant, cette justification soulève plusieurs questions, notamment en ce qui concerne la méthodologie employée par Washington pour établir ces taux réciproques.

39% : une évaluation excessives des barrières commerciales

L’administration américaine avance des chiffres élevés pour justifier ses nouvelles taxes, en mettant l’accent sur des « barrières à l’entrée » qu’elle estime imposées par l’Union européenne. Cependant, comme le souligne Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, la réalité des tarifs européens est bien différente. En effet, le taux moyen des droits de douane appliqués par l’UE aux produits américains est de seulement 4%, loin des 39% cités par l’administration Trump. Le chiffre avancé par les États-Unis semble être basé sur une analyse élargie des entraves commerciales, qui va au-delà des simples droits de douane.

Pour arriver à ce taux de 39%, l’administration américaine inclurait des éléments comme la TVA, perçue indépendamment de l’origine des produits, ou encore les subventions accordées aux producteurs européens, telles que celles dont bénéficient les constructeurs automobiles via des réductions de cotisations sociales. Cependant, comme le souligne Dor, ces éléments ne sont pas toujours fondés sur des chiffres précis, mais plutôt sur des estimations. De plus, cette approche ne tient pas compte du fait que les États-Unis eux-mêmes appliquent des subventions à leurs propres producteurs, ce qui en rend l’argumentation quelque peu biaisée.

Une simplification excessive dans les calculs réciproques

Alors que l’administration américaine aurait pu procéder à un calcul plus détaillé et différencié par pays, elle semble avoir opté pour une approche plus simpliste. Selon un article du New York Times, la surtaxe de 39% “imaginée” par l’administration Trump sur ses exportation vers l’Union Européenne  pourrait être le résultat d’un calcul élémentaire basé sur le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de l’UE, divisé par les importations effectives. Pour l’UE, ce calcul donne un déficit de 235 milliards de dollars pour 605 milliards d’importations, soit environ 38,8%, un chiffre qui correspond au taux invoqué par Trump.

En contrepartie, l’administration a donc décidé là encore d’opter pour des droits de douane uniformes et simplistes pour tous les pays européens, sans distinctions régionales. là encore, cette méthode méthode ne tient pas compte des particularités de chaque pays membre de l’Union européenne, comme les différences de TVA ou de subventions accordées au niveau national. Comme l’explique Eric Dor, si l’administration américaine avait appliqué une approche plus exhaustive, elle aurait dû élaborer une analyse complexe et différenciée pour chaque produit et chaque pays de l’UE. Cette tâche aurait été d’une telle complexité qu’il semble que l’administration ait préféré utiliser un taux uniforme de 20% pour simplifier les choses, même si cette approche ne reflète pas fidèlement la réalité des échanges commerciaux.

L’œil de l’expert : la simplification plutôt que la précision

La décision de l’administration Trump de mettre en place une taxe douanière unique et simplifiée sur les produits en provenance de l’UE pourrait être perçue comme une tentative de rééquilibrage rapide du commerce international. Cependant, cette méthode laisse de nombreuses questions sans réponse et pourrait entraîner des conséquences économiques imprévues. La France et les autres pays européens devront sans doute réagir à ces mesures par le biais de contre-mesures, tout en évitant une guerre commerciale qui pourrait déstabiliser davantage les relations économiques mondiales.

Les entreprises européennes devront se préparer à un environnement commercial plus complexe et potentiellement plus coûteux. Il serait également sage de diversifier leurs marchés d’exportation afin de ne pas dépendre exclusivement des États-Unis. Par ailleurs, l’Union européenne devrait envisager de réviser ses propres politiques commerciales et d’initier un dialogue constructif avec Washington afin de prévenir l’escalade des tensions commerciales.

Written by
Fabien Monvoisin

Des années d’expérience et d’expertises financières, Fabien MONVOISIN est PDG du Groupe Win’Up composé de 4 enseignes spécialisées dans le regroupement de crédits, son ambition aujourd’hui est de décrypter l’actualité économique et financière dans l’objectif d’éclairer tous les Français

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