Héros discrets d’un Grand Chelem… mais bénévoles : ils courent, se placent, enchaînent les roulés de balle avec une précision quasi militaire, sous les yeux de millions de spectateurs. Eux ? Ce ne sont ni Djokovic ni Swiatek, mais les 280 jeunes ramasseurs de balle mobilisés pour l’édition 2025 de Roland-Garros. Âgés de 12 à 16 ans, ils ne perçoivent aucune rémunération, mais vivent une immersion unique dans les coulisses d’un des tournois les plus prestigieux au monde. Une mission à la fois physique, technique et psychologique, qui reste pourtant bénévole. Alors, entre prestige et gratuité, que cache vraiment le rôle de ces jeunes « ballos » au service des stars de la terre battue ?
Ramasseurs de balle : Une sélection rigoureuse
Chaque année, près de 6 000 adolescents licenciés dans un club de tennis rêvent de fouler la terre battue parisienne… non pas raquette en main, mais à la vitesse de l’éclair pour servir les champions. Seuls 280 d’entre eux décrochent leur place après un stage intensif au printemps, comme le souligne la Fédération Française de Tennis (FFT).
Leur recrutement ne repose pas uniquement sur des qualités athlétiques. Adresse, coordination, réflexes aiguisés, mais aussi maîtrise du roulé de balle, posture irréprochable et sang-froid sont exigés. Le comportement, lui aussi, est scruté à la loupe : les candidats doivent faire preuve d’esprit d’équipe, de discrétion, et d’une endurance sans faille face au rythme effréné du tournoi.
Cette formation aboutit à une véritable immersion de trois semaines, où les jeunes ramasseurs deviennent les rouages silencieux d’un spectacle sportif de haute précision. L’une des participantes interrogées par La Dépêche le 22 mai dernier, témoigne :
C’est une autre dimension, un rêve devenu réalité.
Aucun salaire, mais une expérience hors normes
Le statut de mineur interdit tout contrat de travail dans ce contexte. Conséquence directe : aucune rémunération n’est prévue pour ces jeunes engagés à plein temps pendant le tournoi. Néanmoins, la FFT prend entièrement en charge les frais liés à leur présence sur place : hébergement, repas et transports. Leur investissement n’entraîne donc aucune dépense personnelle durant l’événement.
En guise de reconnaissance, les partenaires de Roland-Garros leur offrent quelques cadeaux symboliques. Mais c’est surtout l’expérience humaine qui est mise en avant. Pour nombre d’entre eux, côtoyer les plus grands noms du tennis mondial, fouler les courts mythiques du stade Roland-Garros et parfois même ramasser les balles lors des finales, reste un moment gravé à vie.
Ainsi, au-delà de la gratuité, cette aventure représente une école de rigueur, d’humilité et de passion, comme le confie encore la jeune ramasseuse d’Occitanie :
J’ai encore l’espoir d’être choisie pour les finales.
L’œil de l’expert : un modèle inspirant, mais à réinterroger
Loin de toute polémique salariale, cette formule bénévole repose sur un équilibre délicat : entre expérience valorisante pour les jeunes et exigence quasi-professionnelle des missions. Si Roland-Garros parvient à transformer un bénévolat en moment d’exception, la question d’une juste reconnaissance – symbolique ou financière – mérite d’être posée dans une époque soucieuse des droits des jeunes et de l’encadrement du travail.
Car dans l’ombre des échanges à 200 km/h, ces adolescents contribuent activement au rythme, au spectacle et à la réussite d’un tournoi mondialement diffusé. Un engagement qui, bien que passionné, n’est pas exempt de réflexions éthiques à long terme.
