La gestion des délais de paiement entre grandes entreprises et fournisseurs reste un enjeu majeur de l’économie française. Récemment, SFR a été sanctionné d’une amende de 860 000 euros par la DGCCRF pour des retards répétés dans le règlement de ses factures fournisseurs. Ce nouvel épisode souligne les difficultés persistantes rencontrées par les PME dans la sécurisation de leur trésorerie face aux grands groupes, mais aussi la volonté des autorités de renforcer la régulation pour garantir une meilleure équité dans les relations commerciales.
⏱ SFR puni pour 2,7 millions d’euros de factures
La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) a infligé, le 5 août 2025, une amende de 860 000 € à SFR, suite à des retards de paiement constatés en 2022. L’enquête a relevé 175 paiements tardifs, pour un montant total de 2,7 millions d’euros, sur les centaines de milliers traités annuellement par l’opérateur.
SFR explique :
Cette infraction concerne un nombre très limité de factures, sur un volume annuel de plusieurs centaines de milliers de paiements traités. Nous veillons à améliorer continuellement nos processus pour réduire ces retards et respecter nos engagements envers nos fournisseurs.
Il s’agit d’une nouvelle condamnation pour SFR, déjà sanctionné en 2019 pour des manquements similaires. À l’époque, l’amende s’élevait à 3,7 millions d’euros, pour plus d’un tiers des factures réglées hors délai (soit près de 32 %) et un retard moyen de 28 jours, représentant une « rétention de trésorerie » de plus de 72 millions d’euros.
L’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) souligne :
Les retards de paiement sont une entrave majeure à la croissance économique et à la compétitivité des entreprises.
Les paiements tardifs peuvent résulter d’une stratégie financière visant à optimiser la trésorerie de l’entreprise : en retardant le règlement de ses fournisseurs, une société conserve plus longtemps sa liquidité disponible. Toutefois, cette pratique nuit aux partenaires commerciaux, en particulier les petites entreprises, et constitue une infraction au Code de commerce.
💸 Quel impact pour les sous-traitants ?
Les retards de paiement, comme ceux reprochés à SFR, ont des conséquences économiques directes, en particulier pour les petites et moyennes entreprises (PME) qui composent une large partie de son réseau de fournisseurs. Ces structures, souvent fragiles financièrement, dépendent d’un règlement ponctuel pour assurer leur fonctionnement quotidien : payer les salaires, honorer leurs propres factures ou investir. Lorsqu’un grand donneur d’ordre tarde à payer, cela engendre un effet domino pouvant aller jusqu’à la cessation d’activité pour certains sous-traitants. Ce déséquilibre crée également une distorsion de concurrence, car les grandes entreprises conservent artificiellement un avantage de trésorerie.
Le rapport de la Banque de France souligne sur le sujet :
Jusqu’à 15 milliards d’euros pourraient être libérés chaque année si les délais légaux de paiement étaient respectés, un enjeu majeur pour la compétitivité française.
Face à cette problématique récurrente, l’État envisage désormais de durcir les sanctions, en les portant jusqu’à 1 % du chiffre d’affaires pour les entreprises fautives, afin de rétablir une forme d’équité économique entre donneurs d’ordre et prestataires.
Au-delà des conséquences financières, la stratégie de retard de paiement nuit durablement à l’image de SFR. En se rendant coupable de pratiques répétées, l’opérateur fragilise la confiance de ses partenaires et ternit sa réputation auprès des clients, investisseurs et autorités. À long terme, ce type de comportement peut se révéler contre-productif, en éloignant les meilleurs fournisseurs et en compliquant les relations commerciales.
👁 L’œil de l’expert : le danger des retards
Les retards de paiement aux sous-traitants sont une pratique répandue qui affecte gravement la santé financière des PME, fragilisant l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. En privilégiant la trésorerie à court terme, les donneurs d’ordre compromettent la stabilité économique de leurs partenaires, créant un risque accru de défaillances et une distorsion de concurrence. À long terme, ces comportements nuisent à la confiance, freinent l’innovation et affaiblissent la résilience du tissu économique. L’application stricte des délais de paiement est donc cruciale pour assurer un équilibre durable et favoriser un environnement commercial sain.