Chaque année, le dernier dimanche de mai (ou le premier de juin si la Pentecôte tombe le même jour), des millions de Français offrent fleurs, douceurs et mots tendres à leur maman. Mais derrière cette célébration aux accents affectueux se cache une histoire millénaire, nourrie de traditions antiques, de récupérations politiques et d’évolutions culturelles. Pour mieux comprendre la symbolique de cette journée, revenons ensemble sur les racines historiques de la Fête des Mères.
Des racines antiques : honorer la mère dans les civilisations anciennes
Bien avant notre époque moderne, les peuples de l’Antiquité célébraient déjà la figure maternelle.
- Chez les Grecs, la déesse Rhéa, mère de tous les dieux de l’Olympe, faisait l’objet de cultes printaniers. Ces festivités honoraient la fécondité, la terre nourricière et le rôle sacré des mères.
- Chez les Romains, la fête de Matralia rendait hommage aux mères de famille. Célébrée en juin, elle réunissait les femmes mariées autour de rites religieux dédiés à la déesse Mater Matuta, symbole de la maternité et de l’aube.
Ces rituels, bien que religieux, exprimaient déjà une idée forte : la reconnaissance envers celles qui donnent la vie.
Une institution modernisée sous Napoléon… puis relancée au XXe siècle
La Fête des Mères telle que nous la connaissons aujourd’hui a pris forme en plusieurs étapes.
- En 1806, Napoléon Bonaparte évoque pour la première fois l’idée d’une fête officielle pour honorer les mères de famille nombreuse. Mais le projet reste symbolique.
- En 1920, à Lyon, une cérémonie est organisée pour remercier les mères ayant perdu leurs fils pendant la Première Guerre mondiale. Cette « journée des mères de familles nombreuses » sert à valoriser la natalité dans une France en reconstruction.
- En 1941, sous le régime de Vichy, le maréchal Pétain officialise la Fête des Mères pour renforcer l’image de la femme au foyer et encourager les naissances. Une décision politique, ancrée dans une idéologie conservatrice.
Il faudra attendre 1950 pour que la fête soit fixée légalement par la République, sans arrière-pensée idéologique : la loi du 1950-__mai__-24 inscrit la Fête des Mères dans le calendrier civil français.
Une célébration partagée dans le monde entier, à des dates différentes
Si la Fête des Mères existe dans de nombreux pays, elle ne tombe pas partout le même jour :
- Aux États-Unis, elle est célébrée le deuxième dimanche de mai depuis 1914. C’est Anna Jarvis, une Américaine, qui milita pour sa reconnaissance après le décès de sa propre mère.
- En Allemagne, elle a été instituée en 1923, également pour des raisons natalistes, puis adoptée comme jour de reconnaissance.
- Dans des pays comme le Royaume-Uni (Mothering Sunday), la Norvège ou le Japon, la date varie selon les traditions locales ou religieuses.
Ce qui est commun, c’est le message universel d’amour, de respect et de gratitude envers les mères, quelle que soit la culture.
Une fête en constante évolution : entre tradition et modernité
Aujourd’hui, la Fête des Mères dépasse le simple hommage traditionnel. Elle est de plus en plus personnalisée, avec des cadeaux faits maison, des escapades en famille ou des messages numériques.
Le symbole reste fort, mais les formes évoluent :
- Moins de discours officiels, plus de moments partagés
- Moins de célébration normative, plus de reconnaissance émotionnelle
- Moins d’idéologie, plus de sincérité
Elle s’adapte aussi aux nouvelles familles : familles recomposées, homoparentales, familles monoparentales… La maternité ne se réduit plus à un schéma unique, et la fête reflète désormais cette diversité sociale et affective.
️ L’œil de l’expert : une fête entre culture, mémoire et reconnaissance
La Fête des Mères n’est pas qu’un moment commercial, comme on le pense parfois. Elle puise ses racines dans des traditions anciennes et profondes, mêlant sacré, politique et humanité. Elle a traversé les époques et les idéologies pour devenir aujourd’hui un moment d’intimité familiale et de reconnaissance personnelle.
Ce que l’histoire nous enseigne, c’est que célébrer une mère, c’est toujours honorer un lien fondamental, au-delà des discours. Que ce soit par un geste, un mot, un souvenir ou une simple présence, la Fête des Mères 2025 reste l’un des rares temps forts où l’émotion collective rejoint l’émotion individuelle.
