Le secteur du bâtiment neuf en France a vécu sa pire année en 2024, marquée par une crise sans précédent qui a secoué l’ensemble des promoteurs immobiliers. En dépit de la baisse de la construction et des suppressions d’emplois massives, l’espoir d’une reprise reste présent. Cependant, les professionnels restent prudents et attendent une reprise progressive, sans garantie sur son calendrier. Si des signaux positifs commencent à émerger, les défis sont loin d’être surmontés, et la route vers la reprise complète pourrait être longue et semée d’embûches.
Une crise historique avec des pertes d’emplois massives
Selon Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers, 2024 a été l’année la plus difficile pour l’immobilier depuis plus de 50 ans.
2024 est la pire année depuis plus de 50 ans et le début de nos statistiques
La situation s’est traduite par une chute spectaculaire du nombre de logements mis en vente, qui est passé à 59 000, soit la moitié de l’offre des années précédentes. Une chute qui s’ajoute à la baisse continue des autorisations de construction, avec seulement 330 400 nouveaux logements autorisés, soit une diminution de 12,3 % par rapport à 2023.
Cette crise a affecté lourdement les grands groupes immobiliers, comme Nexity, qui a dû réduire son effectif de 500 postes après une chute de son chiffre d’affaires de 17 %. Dans des entreprises comme Bouygues et Vinci, les suppressions de postes ont également été significatives, bien que ces géants aient été davantage protégés grâce à leur diversification dans les chantiers d’infrastructures et d’énergie. Olivier Roussat, directeur général de Bouygues, reconnaît que son entreprise est prête à suivre la reprise dès qu’elle se manifestera, sans toutefois pouvoir prédire si cette reprise se produira en 2025 ou plus tard.
Bouygues Immobilier s’est adapté dans une nouvelle configuration de marché et donc est prêt à suivre le redémarrage du marché quand ce redémarrage arrivera. On verra bien si c’est en 2025 ans ou plus tard
Les signes d’une reprise progressive et les espoirs pour 2025
Si les pertes de 2024 demeurent préoccupantes, des signes de redressement apparaissent pour l’année à venir. Selon Véronique Bédague, PDG de Nexity, certains indicateurs économiques laissent entrevoir une reprise, notamment grâce à la baisse des taux d’intérêt décidée par la Banque centrale européenne, ce qui pourrait améliorer le pouvoir d’achat immobilier. En outre, la stabilisation des coûts de construction et les nouvelles mesures fiscales positives pour le secteur apportent un certain réconfort aux professionnels de l’immobilier.
Cependant, Pascal Boulanger reste prudent, soulignant que bien qu’une reprise soit attendue, elle sera progressive et pourrait ne se manifester que vers la fin de l’année 2025. Il insiste également sur le manque de logements structurel qui demeure en France, et qui imposera à terme une reprise des constructions neuves ou des rénovations massives pour répondre aux besoins du marché. En attendant, les promoteurs immobiliers devront naviguer avec précaution pour éviter une inflation des prix qui pourrait freiner la reprise.
L’œil de l’expert
La reprise attendue en 2025, bien qu’encourageante, ne sera pas sans risques. Les acteurs du secteur doivent s’adapter à un environnement encore incertain, notamment en matière de financement, où la hausse des taux d’intérêt pourrait limiter la demande. De plus, le marché de l’immobilier neuf pourrait connaître des tensions si les prix des matériaux ou des terrains continuent d’augmenter.
Il est essentiel que les politiques publiques continuent à soutenir la construction neuve, notamment par des incitations fiscales et une régulation des prix, afin d’assurer une reprise équilibrée. Par ailleurs, les promoteurs doivent mettre l’accent sur l’innovation et la diversification de leur offre pour mieux répondre aux attentes des consommateurs, notamment dans un contexte où la transition énergétique devient un enjeu central.
