Le secteur bancaire français se transforme à grande vitesse, poussé par la montée en puissance du numérique et un changement profond dans les comportements des clients. Le groupe Crédit Mutuel, malgré des résultats financiers solides, annonce une restructuration majeure de son réseau d’agences, impactant ainsi une partie de ses salariés et de ses usagers. Cette réorganisation traduit l’adaptation de la banque aux nouvelles attentes des consommateurs, mais suscite également des préoccupations, notamment pour les territoires plus reculés.
⚠️ Une restructuration du réseau face à une fréquentation en baisse
Le groupe Crédit Mutuel, avec un bénéfice net de 4,53 milliards d’euros en 2024, se porte bien financièrement malgré une conjoncture économique incertaine. Toutefois, la banque a choisi de se concentrer sur l’optimisation de son réseau physique. Face à une fréquentation des agences de plus en plus réduite, due en grande partie à la digitalisation et aux nouvelles habitudes des consommateurs, le groupe annonce la fermeture de plusieurs agences locales. Selon Daniel Baal, président du Crédit Mutuel, « il n’est plus possible de garder les agences de deux ou trois collaborateurs« . Ainsi, une grande partie des agences comptant moins de sept employés seront fermées d’ici 2027. Cela concerne environ 25% des 3 660 agences du groupe, particulièrement dans les zones urbaines.
Cette restructuration comprend également une mutualisation des distributeurs automatiques de billets avec BNP Paribas et la Société Générale sous la marque Cash Services, réduisant le nombre de distributeurs de 10 000 à 7 000, tout en assurant un accès plus large aux retraits sans frais.
Une tendance généralisée dans le secteur bancaire
La réduction du nombre d’agences n’est pas propre au Crédit Mutuel, mais fait partie d’une tendance plus large dans le secteur bancaire français. Depuis plusieurs années, de nombreuses banques ferment leurs agences en réponse aux évolutions des comportements des clients. En moyenne, chaque client visite sa banque moins de deux fois par an, un phénomène accentué par la digitalisation et la pandémie.
D’autres grandes institutions, comme le Crédit Agricole, prévoient aussi des fermetures massives. Ce dernier a ainsi annoncé la fermeture de 40 agences, principalement en Normandie et dans le sud-ouest, soulignant que « les clients ont changé leurs habitudes avec la digitalisation« . Cette réorganisation concerne particulièrement les agences rurales, où la fréquentation a fortement diminué.
Un rapport de Sia Partners prévoit entre 2 700 et 6 700 fermetures d’agences en France d’ici 2027, représentant une réduction de 8 % à 20 % du parc national. Cette tendance s’explique par la volonté des banques d’adapter leur modèle économique à un environnement numérique de plus en plus dominant.
L’œil de l’expert
La restructuration du Crédit Mutuel et des autres grands acteurs bancaires est un signe de l’évolution inévitable du secteur vers davantage de digitalisation. Les banques doivent adapter leur réseau physique à la baisse de la fréquentation, tout en assurant un service à distance de qualité pour les clients.
Cependant, cette transformation ne doit pas se faire au détriment des clients, notamment dans les zones rurales, où l’accès aux services bancaires reste un enjeu majeur. Il est donc crucial que les banques mettent en place des solutions alternatives pour maintenir une accessibilité à leurs services, notamment via des bornes automatiques, des agences mobiles, ou des services bancaires à distance. De plus, la transition doit être accompagnée d’une communication claire envers les usagers pour éviter des fractures sociales, notamment chez les plus âgés ou ceux moins à l’aise avec les technologies numériques.
